Afrique: Patrimoine linguistique - L'impérieuse nécessité de promouvoir les langues africaines

Dans le cadre de la célébration de la semaine du patrimoine linguistique africain, la coordination nationale de la Semaine des langues africaines, en partenariat avec le ministère de l'Industrie culturelle, touristique, artistique et des Loisirs (Mictal), a eu un temps d'échange, le 24 janvier, avec les étudiants en langues de l'Université Marien-Ngouabi (UMNG).

La rencontre axée sur le thème " Les langues africaines pour une sécurité alimentaire durable : le développement culturel et socio-économique pour l'Afrique que nous voulons " a permis à un échantillon des étudiants de la Faculté des lettres, arts et sciences humaines (Flash) de l'UMNG de réaliser aujourd'hui l'importance que revêt la conservation, la valorisation et la promotion des langues africaines pour le développement du continent.

Comme a su le dire Lis Pascal Moussodji, directeur de cabinet, représentant la ministre en charge de l'Industrie culturelle, " une langue constitue la mémoire d'un peuple. Elle renseigne sur toutes les évolutions qui le caractérisent. Elle nourrit les imaginaires. Elle identifie les lieux où s'énoncent les nouvelles pratiques, les nouveaux discours, les lieux où s'élabore l'avenir. Dans le contexte africain en général, et celui du Congo en particulier, il est urgent de promouvoir davantage les langues locales ".

" Nous avons nos langues, mais il est curieux de voir que les notices renseignant sur les produits vendus au plan local ne les intègrent pas. Où est donc la sécurité alimentaire à ce moment-là ? ", s'est interrogé un participant. En effet, au cours des échanges, il a été soulevé le fait qu'aujourd'hui, notamment dans le secteur alimentaire, aucune notice de fabrication des produits ou aucun emballage ne prend en compte l'usage des langues locales. Ce qui peut représenter un danger pour certains usagers ne maîtrisant que les langues étrangères.

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Aussi, même au sein de la famille, les langues africaines sont de moins en moins valorisées au profit des langues étrangères. " Il est dommage de constater que dans le cercle familial, parler nos langues locales au détriment du français fait de nous des personnes moins intellectuelles. Et ce fossé est majoritairement creusé par les parents car ce sont eux qui éduquent les enfants ", a indiqué Ninive Versia Nguié, étudiante.

Dans le même contexte, le public a invité le ministère de l'Industrie culturelle à travailler en synergie avec le ministère de l'Enseignement primaire pour inscrire les langues nationales dans les programmes pédagogiques dès le primaire, sinon le préscolaire ; et non juste à l'université. Au-delà des langues nationales, il a également souligné que ce plaidoyer doit inclure l'apprentissage et la valorisation des langues maternelles congolaises à l'école dès le bas âge. Face à ce défi, linguistes, socio-linguistes, pédagogues, sociologues, historiens et autres devraient donc conjuguer ensemble leurs efforts pour la pérennité du patrimoine linguistique africain.

Lancée en juillet 2022 à Ouagadougou, au Burkina-Faso, la Semaine des langues africaines est un rendez-vous perpétuel, un événement annuel, pour marquer la pertinence des langues et cultures africaines comme un moment particulier de l'affirmation de l'identité africaine.

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