Créer des ponts entre les doctorants pour ouvrir l'esprit des étudiants à d'autres façons de penser et de faire de la recherche.
À Antananarivo, depuis le lundi 23 janvier et jusqu'à la fin de la semaine, un colloque international organisé par deux laboratoires de recherche malgaches propose une série de conférences, de tables rondes et d'échanges dans le but de réfléchir à la manière dont on produit le savoir aujourd'hui et à sa finalité. Un colloque acclamé par la centaine d'étudiants présents hier qui voient dans cet événement l'opportunité - rare - de pouvoir se créer un réseau de jeunes chercheurs avec lesquels échanger.
Pour beaucoup, la thèse est une aventure solitaire, parfois très éprouvante. Amaia Nerea Aizpuru Arrillaga est en quatrième année de sociologie, au Canada. Elle se réjouit d'avoir accès, le temps d'une semaine, à une multitude d'étudiants pour échanger : " Il y a une grosse différence sur les manières de travailler, sur l'approche. Et c'est ça que je recherche ici : voir si la façon dont je veux aborder ma thèse, ma méthodologie, c'est logique pour les gens d'ici, ou si c'est seulement la méthode québécoise, que je suis en train de répéter. Et j'aimerais voir s'il y a une méthode que je peux créer entre ce que l'on apprend à Madagascar, au Québec et au pays basque. "
" J'espère que ça va m'orienter "
Quitte peut-être à modifier sa manière de travailler : " Exactement, car jusque-là, je n'ai rien de vraiment fixe sur comment je vais mener mes recherches ! ", explique de son côté Ninah, en première année de thèse d'anthropologie, à Antananarivo. " Et d'entendre les autres parler de leur démarche, de leur méthodologie, des concepts qu'ils utilisent, de parler d'épistémologie, j'espère que ça va m'orienter, élargir mes connaissances sur ce qui peut se faire et m'aider à me fixer sur la manière dont je dois mener mes recherches ", lance-t-elle encore.
Nadia, en deuxième année de thèse en socio-didactique, est enthousiaste à l'idée de présenter une partie de sa recherche au public : " Ca va me donner l'occasion d'échanger avec d'autres chercheurs sur ma thématique de recherche. Et le fait que l'assistance me pose des questions va certainement faire naître d'autres pistes de réflexion. "
" Ils ont trouvé d'autres stratagèmes pour faire avancer la recherche! "
Quant au physicien et philosophe des sciences français Etienne Klein, invité du colloque, ce dernier est tout sourire à sa descente d'estrade après 1h30 de conférence : " J'étais intéressé d'entendre ce que les jeunes chercheurs ressentent de l'activité de recherche qu'ils découvrent. On voit bien qu'ici, les moyens matériels ne sont pas aussi importants qu'en Europe, notamment l'accès aux grands instruments, etc. Or, ils ont trouvé d'autres stratagèmes pour faire avancer la recherche ! Et je vois ici qu'il y a une espèce de dynamisme, qui n'existe plus tout à fait en France ". Un beau coup de projecteur pour la recherche malgache, parent pauvre de l'enseignement dans le pays.