Kaffrine — Le maire de Ngaye Mékhé (ouest), Maguette Wade, a appelé mardi les autorités sénégalaises à prendre des "mesures fortes" en vue de la promotion de l'industrie du cuir dans sa commune présentée comme un modèle en matière de développement des terroirs.
"Nous devons être accompagnés par l'Etat, avec des mesures fortes. Le Sénégal est le seul pays à exporter des peaux brutes. Au Mali, en Mauritanie, vous n'osez pas sortir les peaux" du pays, a-t-il dit.
M. Wade intervenait à un colloque de la 11e édition du Festival national des arts et de la culture (Fesnac), à Kaffrine (21-28 janvier), sur le thème : "Patrimoine, créativité et entrepreneuriat".
Il a plaidé pour l'interdiction, par le Sénégal, de l'exportation des peaux en cuir.
Maguette Wade a aussi réclamé la protection des produits fabriqués par les artisans de Ngaye-Mékhé. "Nous avons des soucis en matière de protection, de labélisation et de contrôle de la qualité des produits. Et nous voulons être aidés dans ce sens", a-t-il plaidé.
La commune de Ngaye-Mékhé travaille, selon lui, à consolider son cluster industriel des produits du cuir en se basant sur son expérience et son héritage de plus d'un siècle dans le domaine de la cordonnerie. Il estime que "c'est une force (... ) à exploiter".
"Nous sommes la capitale de l'artisanat et avons un label, le 'dallu Ngaye' (des chaussures de Ngaye), qui est connu à travers le monde. Nous exportons notre savoir-faire vers le monde et sommes en train de consolider un cluster industriel des produits du cuir", a souligné Maguette Wade.
Le cluster qu'il ambitionne de mettre en place dans sa commune comprendra, outre une tannerie au chrome beaucoup plus moderne que celle végétale, des usines de produits dérivés, comme les boucles des sacs, chaussures et ceintures, etc.
"Nous allons promouvoir toute la chaîne de valeur dédiée à la vannerie, aux accessoires, à la broderie et à la teinture", a dit le maire de Ngaye-Mékhé. Il s'est réjoui de l'engouement international que suscite cette commune, qui a récemment collaboré avec la marque française Chanel dans l'exposition du 19M Dakar.
"Nous avons amené nos jeunes en Italie pour les former. Toutes les grandes marques du monde courent vers Ngaye-Mékhé, où nous avons 280 ateliers de cordonnerie. Nous voulons rester nous-mêmes et aller sur le marché international avec le label 'Made in Sénégal', qui va transformer le model 'dallu Ngaye' pour le sénégalais", a poursuivi M. Wade, ancien fonctionnaire de la Banque africaine de développement.
Il dit être convaincu que la culture, qui porte aujourd'hui les terroirs et le pays, est le seul secteur capable d'employer 80 % des jeunes âgés de moins de 25 ans.