Thiès — La zone frontalière entre Tambacounda, Kayes (Mali) et le Guidimakha en Mauritanie, bénéficiera, courant 2023, d'un projet de prévention des conflits liés au pastoralisme, a annoncé mardi à Thiès, Bio Goura Soulé, assistant technique sur les questions d'élevage et de pastoralisme à la commission de la CEDEAO.
"La région du Guidimakha, Tambacounda et Kayes, fait partie des zones conflictogènes, donc on peut avoir potentiellement des conflits si rien n'est fait. De ce point de vue, c'est une zone qui est ciblée pour mener un certain nombre d'actions ", a dit l'expert en marge d'un atelier de trois jours au Centre Forêt de Thiès.
L'Association pour la promotion de l'élevage au Sahel et en savane (APESS) tient un atelier pour l'examen de son plan d'action triennal, sous l'égide de la Cedeao et du gouvernement sénégalais.
Ce projet de prévention des conflits, cible des actions "soft" consistant à établir un dialogue entre les différents acteurs de l'élevage, notamment les organisations d'éleveurs à la base et les réseaux, qui en sont les principaux bénéficiaires, a noté M. Bio. Ces derniers définiront des "plans d'action de court, moyen et long termes, pour préserver la paix dans cette région", mais aussi "renforcer la résilience de la population", a-t-il expliqué.
La CEDEAO a déjà réussi à faire signer un mémorandum entre les gouverneurs des trois régions, selon l'expert.
"Ce projet est presque prêt", a-t-il dit, précisant que les appels d'offres sont déjà lancés et trois opérateurs seront recrutés, pour démarrer les activités au cours de l'année 2023.
En plus du dialogue, le projet installera des points d'eau qui pourraient être à la fois utilisés pour l'abreuvage du bétail, la culture fourragère et le maraîchage. Il s'intéressera aussi à la collecte et à la transformation et la commercialisation des produits laitiers, à travers l'implantation de mini-laiteries.
La frontière entre le Sénégal, le Mali et la Mauritanie bénéficiera de ce projet, au même titre que quatre autres zones frontalières à risque de conflits. Il s'agit des frontières Niger-Nigeria-Bénin ; Bénin-Togo-Burkina Faso ; Côte d'Ivoire- Mali-Burkina Faso.
Selon le Docteur Bio Goura Soulé, l'initiative s'inscrit dans un plan régional de prévention des conflits, pour lequel la "CEDEAO compte mobiliser 1,3 million de dollars par an sur cinq ans". D'autres partenaires comme l'Union européenne y contribueront, a-t-il relevé.
En plus des organisations faîtières, les gouvernements de la CEDEAO y sont représentés. Le ministre de l'Elevage Aly Saleh Diop y est attendu dans l'après-midi. Les projets des Etats en matière d'élevage y seront présentés.