Plusieurs témoignages confirment l'existence d'une rébellion dans le sud du Tchad. Celle-ci aurait reçu du renfort depuis le "jeudi noir".
Les Tchadiens accueillent dans l'inquiétude, les informations faisant état de la naissance d'une nouvelle rébellion dans le sud du pays. Selon certaines sources, les membres de cette rébellion seraient des leaders sudistes qui seraient mécontents de la gestion du pays et de la répression des manifestations du 20 octobre.
Pour d'autres observateurs, c'est un ancien mouvement qui tente de se réorganiser pour mieux s'affirmer sur le terrain. L'opposition politique, pour sa part, appelle à privilégier la voix démocratique.
Le silence du pouvoir
Officiellement, le gouvernement tchadien n'a pas réagi au sujet de la présence d'une nouvelle rébellion dans le Sud. Mais l'information a été confirmée par le général Ahmat Dari Bazine, gouverneur de la province du Logone Oriental, au cours d'une interview accordée au journal en ligne tchadien Alwihda Info.
Celui-ci a déclaré que l'existence d'une rébellion dans la région méridionale est réelle. Il a même annoncé l'arrestation d'une soixantaine de jeunes hommes qui seraient passés aux aveux. Selon lui, cette rébellion est la suite logique des évènements du 20 octobre 2022, et son chef se trouverait en territoire centrafricain.
"C'est un groupe basé en Centrafrique qui a déjà eu à affronter l'armée nationale dans la Kaba il y a quelques mois et qui est dirigé par un ancien officier de l'armée nationale tchadienne", confirme le politologue tchadien Evariste Ngarlem Toldé. "C'est un formateur, un encadreur de l'armée nationale tchadienne", poursuit cet expert. La rébellion s'appellerait "l'armée dynamique révolutionnaire du sud", assure-t-il dans une interview à la DW.
Coalition des ethnies du sud
Toujours selon le politologue Evariste Ngarlem Toldé, "cette rébellion regroupe la plupart des ethnies qui existent le long des frontières des provinces du Logone Oriental et Logone Occidental, du Mandoul et du Moyen Chari. Il y a une minorité d'anciens militaires quand bien même il y a des nouveaux ralliements. Depuis les manifestations du 20 octobre 2022, beaucoup de jeunes ont préféré rallier cette rébellion qui existait toutefois bien avant le 20 octobre".
Cette situation résulte de l'absence de culture démocratique, notamment de l'alternance démocratique au sommet de l'Etat, déplore le professeur Avocksouma Djona, président du parti Les Démocrates, opposé à la transition en cours.
"Pendant plus de quatre décennies, on nous a mis dans la tête que pour parvenir au pouvoir au Tchad il faut prendre les armes. Il n'y a que la violence seule qui peut permettre à quelqu'un de prendre le pouvoir. Ce n'est pas normal... La seule façon d'empêcher cela, c'est de permettre l'alternance démocratique dans ce pays, éviter la succession dynastique et faire en sorte que les Tchadiens s'entendent entre eux, en évitant toute ingérence extérieure", suggère Avocksouma Djona.
D'autres rébellions en activité
Selon plusieurs sources, outre l'armée dynamique révolutionnaire du sud, il existerait trois autres groupes rebelles dans cette région, dont les éléments des colonels Djibrine Dassert et Djedouboum Sadoum du Mouvement pour la paix, la reconstruction et le développement (MPRD).
Le sud du Tchad a déjà abrité plusieurs mouvements rebelles tels que les Forces armées pour la République fédérale de Laokein Bardé et le Conseil de sursaut national pour la paix et la démocratie de Moïse Kétte Nodji qui ont tous été tués sous la présidence de l'ex-chef de l'Etat Idriss Déby Itno, décédé durant des combats de l'armée tchadienne contre des rebelles en avril 2021.