L'ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz, comparait devant une cour chargée de la répression des crimes économiques. Il est jugé pour enrichissement illicite.
Ce procès, présenté par les partisans de l'ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz comme un règlement de compte politique, est perçu par d'autre comme celui de la corruption au sommet de l'Etat.
Une forte présence policière était visible aux abords et devant le palais de justice de Nouakchott.
Dans la salle d'audience, Mohamed Ould Abdel Aziz et ses coaccusés, dont deux anciens Premiers ministres, sont entrés ont été installés derrière une grille fermée. Le président de la cour a ensuite procédé à l'appel des accusés.
Après une longue suspension, la séance n'a pas repris tout de suite car il s'est posé un problème de place pour la soixantaine d'avocats présents.
Un procès qui divise
L'ancien président entend peser de tout son poids dans le jeu politique, à quelques mois des élections législatives, municipales et régionales. Ses avocats et ses partisans présentent donc les poursuites engagées contre lui, à la suite d'une enquête parlementaire, comme un règlement de compte politique.
"La commission d'enquête parlementaire a été créée à cette fin. Cette commission était composée essentiellement de personnages politiques appartenant à des partis qui ont eu maille à partir avec l'ancien président. Ceux sont des gens qui voulaient se venger", a estimé Maître Taleb Khyar Mohamed Maouloud, l'un des avocats de l'ancien président.
Ils affirment aussi que toute l'instruction qui a conduit à ce procès a été à charge contre Ould Abdel Aziz.
Du coté des avocats constitués pour la défense de l'Etat, le ton est tout autre.
"Ce président est obligé de s'expliquer. La loi l'oblige à expliquer pourquoi il a cette fortune. Si l'on regarde l'ensemble des infractions reprochées qui sont l'utilisation de l'Etat pour s'enrichir et entasser une fortune colossale, il faut quand même exclure le politique", a justifié Maître Brahim Ould Ebetty, avocat de l'Etat.
Mohamed Ould Abdel Aziz, pendant la décennie passée au pouvoir, était très proche de son successeur, Mohamed Ould Chekh El Ghazouani. C'est pourquoi beaucoup de Mauritaniens étaient sceptiques quant à la tenue de ce procès.
"Jamais un acte aussi important n'a eu lieu dans notre pays, surtout à un moment où une partie de l'opinion publique semble être pessimiste par rapport aux efforts de lutte contre la corruption. Certains ne croyaient même pas que ce procès allait se dérouler. C'est donc persuasif et dissuasif", a déclaré Mohamed Abdellahi Bellil, président de l'Observatoire mauritanien de lutte contre la corruption, pour qui, ce procès a une dimension pédagogique.