La société civile du Nord-Kivu prévoit d'organiser de nouvelles marches de protestations contre la force régionale de l'EAC qu'elle juge inefficace.
Après la marche de protestation dispersée par la police la semaine dernière, la société civile locale maintient la pression pour exiger des actions de la part de la force régionale.
Pour Bienvenu Matumo, l'un des responsables du mouvement citoyen Lucha, la population est fatiguée de voir cette force de l'EAC se transformer en une mission d'observation.
"Nous en avons marre des forces multiples étrangères sur notre sol qui ne combattent pas et qui n'aident pas l'armée congolaise, les FARDC, à récupérer les espaces occupés par le M23. Nous avons déjà la Monusco qui est une force de trop et nous ne voudrons jamais voir une autre force et surtout celle-ci (la Communauté d'Afrique de l'Est, ndrl) qui est constituée de pays qui envient le Congo à cause de ses ressources naturelles.", déplore Matumo.
La frustration de la population monte après que les militaires kényans de la force régionale ont organisé des cérémonies de retrait des rebelles du groupe M23, fin décembre et début janvier, conformément à la feuille de route de Luanda.
Mais ce retrait a été dénoncé comme un leurre par l'armée congolaise et contredit par des témoignages affirmant que le M23 occupe toujours des positions d'où il était censé se retirer.
"Une démarche qui alliait diplomatie et politique"
Reagan Miviri, chercheur à l'Institut congolais de recherche sur la politique, la gouvernance et la violence, estime que le gouvernement congolais n'a pas clarifié la mission de la force régionale.
"Dès le départ, il y avait une vraie confusion sur le rôle de la force régionale, alors que le gouvernement congolais l'avait annoncée comme une force qui venait soutenir le gouvernement... D'un autre côté, notamment au niveau de la région, il semblait que c'était plutôt une démarche régionale qui alliait diplomatie et politique, et pour laquelle l'usage de la force était un dernier recours." explique-t-il.
La colère de la population se tourne vers la force régionale et la Monusco, alors que Nations unies ont toujours rappelé que la responsabilité première de maintenir la paix et la stabilité dans l'est de la RDC incombe d'abord au gouvernement congolais et que la communauté internationale ne vient qu'en appui.
Une solution en deux volets
Pour Juvenal Munubo, deputé national du Nord-Kivu et membre de la commission défense et sécurité de l'Assemblée nationale, la solution pour une paix durable est en deux volets.
Selon lui "la solution est sur le plan interne et sur le plan international. Sur le plan interne, ce qu'il faut faire c'est réorganiser l'armée congolaise. Il faut qu'on soit en mesure de mobiliser la population derrière l'armée et améliorer les relations civilo-militaires."
Pour tenter de stopper les violences, sans y parvenir jusqu'à présent, le Nord-Kivu et l'Ituri ont été placés en mai 2021 sous état de siège par le président Félix Tshisekedi. Et depuis plus d'une année, une opération militaire conjointe entre les armées congolaise et ougandaise cible les rebelles ADF. Mais les attaques continuent.