Afrique de l'Ouest: Marché des titres publics de l'Uemoa - Le défi de la diversification de la base des investisseurs

25 Janvier 2023

Le directeur général adjoint chargé de l'Intérim d'Umoa-Titres, Banassi Ouattara, a insisté, hier, à l'ouverture de la 5ème édition des Rencontres du marché des titres publics, sur la nécessité de l'élargissement et de la diversification de la base des investisseurs.

La 5ème édition des Rencontres du marché des titres publics s'est ouverte, hier, à Dakar. Pendant trois jours, des focus pays, des panels, entre autres programmes, seront tenus. Les travaux ont été ouverts par le directeur général adjoint chargé de l'intérim d'Umoa-titres, Banassi Ouattara.

À l'en croire, le Marché des Titres publics (Mtp) est devenu, au fil des années, une alternative crédible, aux autres sources de financement (extérieures, avances statutaires), pour le financement des économies de zone, en lien avec l'accroissement des besoins des Etats dans le cadre du financement des Plans nationaux de développement (Pnd), dans un contexte de plus en plus marqué par la raréfaction des ressources concessionnelles. Pour lui, l'institution a ainsi connu un grand bond ces vingt dernières années.

" En 2001, le volume d'émission était de 42,9 milliards de FCfa. En 2007, il est passé à 330,6 milliards de FCfa et un encours de 242,7 milliards de FCfa. À la création de Umoa-Titres, en 2013, nous avions un encours de 251 milliards de FCfa. En 2022, le volume des émissions est ressorti à 5400 milliards de FCfa avec un encours de 12 400 milliards de FCfa ", a rappelé M. Ouattara. Ce statut, a-t-il souligné, a été atteint grâce aux efforts de structuration du marché, l'accompagnement de la Banque centrale avec le succès des programmes d'émissions spéciales dont les Bons Covid-19, les Obligations de relance (OdR) et les Bons de soutien et de résilience (Bsr).

Dynamisme du marché des titres courts

Pour Banassi Ouattara, le marché des titres publics de l'Uemoa devrait continuer de croître, en lien avec le financement des programmes de développement des Etats membres, des mesures pour lutter contre la vie chère mais aussi à cause de l'environnement financier international peu favorable, caractérisé par la quasi-fermeture des marchés euro-obligataires. " Ce contexte difficile de raréfaction des ressources extérieures nous démontre, encore une fois, l'importance de notre marché domestique et la nécessité de mettre en œuvre toutes les initiatives pour son approfondissement et le hisser aux meilleurs standards ", estime-t-il.

Pour y arriver, il va falloir, à son avis, que le processus d'émission de titres publics soit totalement dématérialisé et ouvert à tous, dans la mesure où la participation au Marché des bons et obligations du grand public demeure très faible et constitue un véritable enjeu pour le développement et la vulgarisation de ce marché. Dans cet objectif, fait remarquer Banassi Ouattara, le développement des fintechs et son cortège d'innovations constituent pour le secteur bancaire et financier une opportunité de se réinventer et d'améliorer la relation clientèle, en élargissant la base des investisseurs à travers l'accès à une gamme de services et de produits financiers disponibles et adaptés.

" Pour cela, la rénovation des canaux de distribution des instruments financiers ainsi que les infrastructures de marché doivent être en parfaite symbiose avec les évolutions technologiques ", ajoute le directeur général par intérim d'Umoa-Titres.

L'autre grand défi à adresser est, selon lui, l'élargissement et la diversification de la base des investisseurs. " La diversité des investisseurs contribue à la multiplicité des vues sur le marché ou, en d'autres termes, à l'expression sur le marché de stratégies différentes qui concourent à sa dynamisation et à son efficience ", indique Banassi Ouattara. Même si le marché a fortement progressé au cours de ces dernières années, Banassi Ouattara estime qu'il faut faire des efforts sur le segment du court terme, qui constitue le socle de développement du marché dans son ensemble.

" Nous avons noté une baisse du dynamisme du marché des titres courts. Ceci est à la fois la résultante de stratégies des émetteurs, mais aussi de préférence de certains investisseurs ", considère-t-il. En fait, si les maturités longues (15-20 ans) suscitent l'appétit de certains investisseurs institutionnels, il est nécessaire d'avoir " une présence régulière sur l'ensemble des points de la courbe des taux ", estime M. Ouattara.

Diversification des investisseurs

Le président de l'Autorité du marché financier (Amf-Umoa), Badanam Patoki, a magnifié le rôle du marché des titres publics de l'Uemoa dans le financement des pays membres dans un contexte marqué par la raréfaction des ressources extérieures. À l'en croire, 5254 milliards de FCfa ont pu être mobilisés sur le segment par adjudication au 31 décembre 2023, à travers 122 opérations et 3072 milliards FCfa sur le segment syndication, à travers 23 opérations. " 2023 peut être une année difficile car les marchés internationaux de capitaux sont sobres voire fermés à nos pays.

En plus, nous constatons une courbe descendante de l'aide au développement alors que nos Etats ont besoin de 12 000 milliards de FCfa pour investir dans les infrastructures. Il y a également un besoin net de 4360 milliards FCfa des Etats, qui doivent être procurés par le marché des titres publics. Ainsi, nous devons travailler à avoir notre marché qui puisse porter et répondre aux besoins de nos États ", souligne-t-il.

La solution, selon M. Patoki, peut provenir de la diversification des investisseurs. En effet, 80% des acteurs du marché sont constitués de banques et seulement 2% de personnes physiques. En plus du déploiement de la bourse en ligne pour faciliter les souscriptions, le président de l'Amf-Umoa estime qu'il faut aller vers la mise en place d'une gamme plus large de produits, une plus importante visibilité du marché et le développement de la titrisation. Ce qui permettra d'avoir une base d'investisseurs plus large.

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