Le gouvernement régional de Rodrigues fera face à sa première manifestation. Des syndicats donnent rendez-vous à leurs membres et au public samedi matin à la gare de Port-Mathurin afin de contester certaines décisions des autorités. La police a déjà donné le feu vert à la Rodrigues Government Employees Association (RGEA) qui est l'organisateur de cet événement.
Toutefois, Alain Tolbize, son président, affirme que quatre autres syndicats du privé, notamment ceux représentants des employés du secteur éducatif et du tourisme, la soutiennent dans cette démarche. "Nous manifestons contre plusieurs décisions du gouvernement. Il y a d'abord la fermeture de la Water Unit afin de créer une nouvelle compagnie gouvernementale. Nous contestons cette décision", déclare le syndicaliste.
La Water Unit est un département gouvernemental qui gère l'eau à Rodrigues. Le président de la RGEA affirme qu'avec sa fermeture, les employés, qu'il estime à 300, ont un avenir incertain. "Il n'y a eu aucune communication sur l'avenir de ces fonctionnaires. Ils vont être poussés à la retraite ou être licenciés puisqu'ils ne pourront pas être engagés par cette compagnie du gouvernement." La RGEA mène une campagne de mobilisation sur les réseaux sociaux depuis plus d'une semaine pour que cette manifestation soit un succès. Ses membres estiment que la décision du gouvernement de Rodrigues est une façon de privatiser le secteur de l'eau. Quelques-uns se demandent où est-ce que la nouvelle compagnie aura l'eau, qui est déjà rare dans l'île, pour la distribuer à la population.
Il n'y a pas que cette décision qui est source de mécontentement. La somme de Rs 1 milliard que le gouvernement de Rodrigues empruntera de la Mauritius Investment Corporation (MIC) afin d'investir dans le secteur de l'eau fait également grincer des dents. Le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, avait annoncé lors de son discours du Budget 2021- 2022 que la MIC allait mettre Rs 1 milliard à la disposition du gouvernement régional pour développer ce secteur à Rodrigues. Or, il s'avère que c'est un emprunt.
Depuis cette annonce, la RGEA a fait pression sur le gouvernement d'alors, qui était dirigé par Serge Clair, pour renoncer à cet emprunt afin que les Rodriguais ne soient pas endettés. "Comment peut-on emprunter Rs 1 milliard au gouvernement pour un projet national ? Johnson Roussety avait luimême déclaré que son gouvernement n'a pas été mandaté pour cet emprunt et que le dessalement n'est pas une priorité, mais maintenant il va pour cet emprunt. Qui va payer ? Ce sera nous les Rodrigues et c'est une injustice encore une fois de la part du gouvernement central envers les Rodriguais."
Alain Tolbize parle d'injustice, estimant que c'est un projet national et qu'il est plus approprié d'inclure cet argent dans le budget de Rodrigues sur plusieurs années. "Expliquez- moi comment se fait-il que quand le gouvernement central doit investir dans le Rivière-des-Anguilles Dam, l'argent est voté dans le budget national, mais quand il s'agit du développement dans le secteur de l'eau à Rodrigues, l'argent devient un emprunt."
Le chef commissaire de Rodrigues, Johnson Roussety, affirme, pour sa part, qu'il y a beaucoup de malentendus autour de l'avenir de la Water Unit et la réforme dans le secteur de l'eau. "Nous ne fermons pas la Water Unit. Elle aura toujours un rôle à jouer. Nous avons actuellement un système qui est archaïque et qui est l'origine de la souffrance de toute une population. Le problème est bien expliqué dans différents rapports. C'est pour cette raison que nous apportons une réforme. Je pense que ceux qui manifestent veulent préserver un système archaïque pour des raisons obscures." Concernant l'emprunt de Rs 1 milliard, il affirme que les syndicats auraient dû être plus bruyants quand l'Organisation du peuple de Rodrigues de Serge Clair avait pris la décision de prendre cet argent pour concevoir des projets.