Après le ministre chinois des Affaires étrangères qui s'est rendu en Éthiopie, au Gabon, en Angola, au Bénin et en Égypte, la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a elle aussi entamé une mini-tournée africaine.
Pékin investit massivement sur le continent. En 2019, le montant des investissements directs en Afrique s'est élevé à 2,7 milliards de dollars. Mais ces investissements se focalisent très souvent sur les ressources énergétiques et minières. En d'autres termes, l'essentiel des investissements ou des prêts de la Chine est orienté vers les objectifs stratégiques de Pékin : se garantir l'accès à des ressources naturelles et investir dans la construction et les transports.
Les problèmes qui pourraient surgir
Cela créé peu d'emplois sur le continent pour les habitants. En plus, la Chine a en même temps fait de nombreux prêts aux pays africains qu'il va falloir rembourser et cela pourrait être l'un des principaux problèmes dans les prochaines années. Adama Gaye, journaliste analyste politique, explique pourquoi : "Aujourd'hui, la Chine montre sa facette capitaliste. Elle dit aux pays africains que ces prêts ne sont pas des dons. Vous devez les rembourser et souvent avec des intérêts. Et quand les pays africains ont cherché pendant la covid-19 de faire annuler les dettes, la Chine était catégoriquement opposée."
Ainsi, pour que la Chine réussisse dans sa stratégie d'investissement en Afrique et crée des emplois, elle devra passer d'une stratégie axée sur les ressources naturelles à une stratégie manufacturière à plus forte intensité de main-d'œuvre.
La Chine plus présente économiquement
En attendant, le géant chinois reste déjà le principal partenaire commercial de beaucoup de pays du continent, pour les exportations et les importations. Une tendance que Washington veut inverser. Le président Joe Biden a promis 55 milliards de dollars au continent dans le cadre du récent Sommet Afrique /Etats-Unis. Mais pour Adama Gaye, il ne faut pas tomber dans le piège des chiffres: "D'abord quand il y a eu le sommet du G7 en Allemagne, en Bavière, le président américain Joe Biden avait annoncé que les Etats-Unis étaient pour une mise de 600 milliards d'euros pour le continent africain, un plan Marshall. Mais lors du sommet Etats-Unis/Afrique, le président Biden n'en a plus parlé et a évoqué 55 milliards de dollars sur trois ans, tenez-vous bien", a-t-il rappelé.
Une nouvelle politique des Etats-Unis
Il n'empêche que les Etats-Unis cherchent à rattraper leur retard en Afrique par rapport à la Chine. L'intensification de la concurrence entre les deux grandes puissances économiques est donc lancée sur un continent qui regorge d'importantes ressources, parfois rares. Cela passe aussi par la politique. Alors que la Chine est avancée sur le plan économique en Afrique, Joe Biden a proposé que l'Union africaine ait un siège au G20 pendant que jusqu'ici seule l'Afrique du Sud en fait partie. Sur le plan militaire, en revanche, les Américains sont beaucoup plus implantés que les Chinois qui ne possèdent qu'une seule base militaire en Afrique alors que les États-Unis comptent plus d'une dizaine de sites où sont déployés quelque 6 000 soldats.