Afrique: Allocution liminaire du Directeur général de l'OMS lors du point presse

communiqué de presse

Bonjour, bon après-midi et bonsoir,

Depuis le début du mois de décembre, le nombre de décès hebdomadaires dus à la COVID-19 signalés est en augmentation.

Au total, au cours des huit dernières semaines, plus de 170 000 personnes sont mortes de la COVID-19.

Il ne s'agit que des décès signalés ; le nombre réel de décès est beaucoup plus élevé.

Presque exactement trois ans après avoir déclaré une urgence de santé publique de portée internationale, notre plus haut niveau d'alerte, le Comité d'urgence concernant la COVID-19 se réunira cette semaine pour déterminer si la situation actuelle constitue toujours une urgence mondiale.

Même si je ne préjuge pas de l'avis du Comité d'urgence, je reste très préoccupé par la situation dans de nombreux pays et par le nombre croissant de décès.

Bien que nous allions clairement mieux qu'il y a trois ans, lorsque cette pandémie a frappé pour la première fois, la réponse collective mondiale est une fois de plus mise à rude épreuve.

Trop peu de personnes - en particulier parmi les personnes âgées et les agents de santé - sont correctement vaccinées.

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Trop de gens sont en retard pour leurs doses de rappel.

Pour trop de gens, les antiviraux restent coûteux et hors de portée.

Et trop de gens ne reçoivent pas les soins dont ils ont besoin.

Les systèmes de santé fragiles ont du mal à faire face à la charge que représente la COVID-19, qui s'ajoute aux soins à prodiguer aux patients atteints d'autres maladies, notamment la grippe et le VRS.

La surveillance et le séquençage génétique ont considérablement diminué, ce qui rend plus difficile le suivi des variants connus et la détection d'éventuels nouveaux variants.

Et la déferlante des informations pseudoscientifiques et trompeuses sape la confiance dans les outils sûrs et efficaces permettant de lutter contre la COVID-19.

Mon message est clair : ne sous-estimez pas ce virus, il nous a surpris et continuera de nous surprendre, et il continuera de tuer, à moins que nous ne fassions davantage pour fournir des outils de santé aux personnes qui en ont besoin et pour lutter de manière globale contre la désinformation.

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La COVID-19 n'est pas la seule menace à laquelle l'humanité est confrontée.

Depuis le début de l'année, j'ai parlé de la myriade de menaces qui exigent une réponse sans précédent, du choléra aux conflits en passant par la crise climatique.

Le nombre de personnes ayant besoin d'une aide humanitaire a augmenté de près d'un quart par rapport à l'année dernière, pour atteindre 339 millions de personnes.

80 % des besoins humanitaires dans le monde sont dus aux conflits ;

et environ la moitié des décès évitables de mères et d'enfants surviennent dans des contextes fragiles, en proie à des conflits et vulnérables.

Le monde ne peut pas détourner le regard et espérer que ces crises se résolvent d'elles-mêmes.

C'est pourquoi nous exhortons les donateurs à soutenir l'appel lancé par l'OMS pour recueillir deux milliards et demi de dollars des États-Unis pour répondre aux urgences sanitaires.

Ces fonds soutiendront l'action de l'OMS et de ses partenaires sur le terrain, en aidant les personnes les plus vulnérables dans plus de 50 situations d'urgence en cours, dont onze situations d'urgence de niveau 3, notre niveau le plus élevé.

Grâce aux financements et à des mesures prises d'urgence, nous pouvons sauver des vies, soutenir les efforts de relèvement, prévenir la propagation des maladies à l'intérieur des pays et au-delà des frontières, et contribuer à donner aux communautés la possibilité de se reconstruire pour l'avenir.

À défaut de ceux-ci, nous n'atteindrons pas toutes les personnes qui ont le plus besoin d'aide.

Comme l'a dit l'ancien Premier Ministre Gordon Brown lors du lancement de l'appel, lorsque les médicaments, les vaccins et les traitements ne sont pas disponibles, l'espoir meurt.

Mais l'espoir renaîtra si nous pouvons financer les médicaments, fournir les médecins, équiper les agents de santé et éviter des décès et des souffrances évitables.

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Au cours des quatre derniers mois, plusieurs pays ont signalé des incidents dus à des sirops pédiatriques contre la toux contaminés.

L'année dernière, l'OMS a tiré la sonnette d'alarme en lançant des alertes médicales concernant la Gambie en octobre, l'Indonésie en novembre et l'Ouzbékistan au début de ce mois-ci.

Dans ces trois pays, les cas sont associés à plus de 300 décès, mais nous savons qu'au moins sept pays ont été touchés.

La plupart des décès sont survenus chez des enfants âgés de moins de 5 ans.

Les contaminants incriminés sont des produits chimiques toxiques utilisés comme solvants industriels et agents antigel qui peuvent être mortels même en petites quantités, et ne devraient jamais être trouvés dans les médicaments

Cette semaine, l'OMS a lancé un appel urgent aux pays, aux fabricants et aux fournisseurs pour qu'ils fassent davantage pour prévenir et détecter les médicaments contaminés, et y remédier rapidement.

Les gouvernements doivent renforcer la surveillance afin de pouvoir détecter et retirer de la circulation tous les médicaments de qualité inférieure identifiés dans les alertes médicales de l'OMS.

Ils doivent également veiller à l'application de la règlementation qui contribuera à mettre fin à la fabrication, à la distribution et à l'utilisation de médicaments de qualité inférieure et falsifiés.

Les fabricants doivent acheter des ingrédients de qualité pharmaceutique auprès de fournisseurs qualifiés et effectuer des tests complets avant de les utiliser ;

Les fournisseurs doivent toujours rechercher d'éventuels signes de médicaments contaminés et ne distribuer ou vendre que des médicaments autorisés par les autorités compétentes et provenant de sources agréées par celles-ci ;

Toutes les morts inutiles sont douloureuses, mais lorsque les enfants meurent, cette douleur est immense et exige une réponse adaptée.

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Hier, l'OMS a publié un important rapport sur les acides gras trans, montrant qu'à l'échelle mondiale, 5 milliards de personnes ne sont toujours pas protégées contre ces substances chimiques toxiques qui sont utilisées dans de nombreux aliments et augmentent le risque de cardiopathie et de décès.

En 2018, l'OMS a lancé un appel mondial relayé par nos partenaires en vue d'éliminer les acides gras trans, qui n'ont aucun avantage connu et présentent au contraire d'énormes risques pour la santé.

À l'époque, seulement 550 millions de personnes étaient protégées par des politiques interdisant l'utilisation des acides gras trans d'origine industrielle, principalement dans les pays à revenu élevé d'Europe et des Amériques.

Aujourd'hui, 43 pays, représentant un tiers de la population mondiale, appliquent ce type de politiques.

L'année dernière, l'Inde est devenue le premier pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure à adopter une politique fondée sur les meilleures pratiques.

Le Bangladesh, les Philippines et l'Ukraine ont tous adopté des politiques qui entreront en vigueur dans les années à venir, et le Nigéria et Sri Lanka devraient bientôt marcher sur leurs traces.

Il y a donc eu des progrès majeurs, mais il reste encore beaucoup à faire.

Je salue les pays et les fabricants qui se sont déjà mobilisés et exhortent tous les pays et tous les fabricants à se débarrasser des acides gras trans une fois pour toutes.

Parce que la nourriture devrait être une source de santé, non une cause de maladie.

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Je voudrais terminer en disant que nous déplorons l'enlèvement d'un collègue de l'OMS, le Dr Mahamadou Diawara, qui a été emmené par des assaillants non identifiés alors qu'il circulait dans sa voiture le 23 janvier dans la ville de Menaka, au nord du Mali.

Nous travaillons avec les autorités locales pour enquêter sur l'enlèvement et assurer le retour rapide de notre collègue auprès de sa famille.

Les agents de santé ne devraient jamais être une cible.

Christian, vous avez la parole.

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