J'ai entendu dire que plusieurs anciens ministres sont actuellement en audition. Certains ont été placés en garde-à-vue tandis que d'autres ont été déférés à la Maison d'arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO). Officiellement, on ne sait pas ce qui leur est reproché. Mais tout laisse croire que ces auditions et interpellations sont en lien avec des problèmes de gestion.
Ce qui est sûr, on en saura davantage les jours à venir. Mais en attendant d'en savoir davantage, je note tout de même que les temps ont changé. Car, autrefois, c'était rare d'entendre qu'un ex-ministre était convoqué et auditionné. C'était perçu comme un crime de lèse-majesté.
A moins que ce fût un ancien ministre devenu rebelle, qui cherchait à tailler des croupières au régime en place. Mais arrêter ou auditionner un ancien dignitaire pour problème de gestion de deniers publics, on n'en a pas vu beaucoup de cas sous le long règne de Blaise Compaoré. Les choses ont commencé à changer après l'insurrection populaire d'octobre 2014.
C'est à partir de là que certains avaient commencé à faire attention, conscients qu'ils pouvaient être rattrapés par leurs propres turpitudes. Pendant ce temps, d'autres se laissent toujours aller à des dérives si fait qu'ils se permettent de disposer des biens publics comme d'un legs familial. Ces gens-là, je souhaite que la Justice les débusque afin qu'ils puissent rendre des comptes. Moi, je ne suis contre personne.
Mais je suis contre ceux-là qui détournent nos maigres ressources, se permettant de construire des châteaux à Paris ou à Londres au moment où beaucoup de nos compatriotes peinent à s'offrir un repas par jour.
Je suis farouchement contre les règlements de comptes
En tout cas, je souhaite que l'opération d'assainissement ou de moralisation de la vie publique en cours, si je peux m'exprimer ainsi, se poursuive afin que soient épinglés tous ceux qui ont des choses à se reprocher. Il faut les traquer jusque dans leurs derniers retranchements. Car, ces gens-là ne sont ni plus ni moins que des terroristes à la seule différence qu'ils ne sont pas armés.
Eux tuent autrement puisqu'en détournant, ils contribuent à affamer leurs compatriotes dont certains, on le sait, finissent par périr dans la misère. Cela dit, tout en étant pour que chaque dirigeant ou ex-dignitaire rende compte de sa gestion, je suis farouchement contre les règlements de comptes.
Je veux que le droit soit dit dans toute sa rigueur de sorte à ce que soient relaxés ou blanchis tous ceux-là qui se sont distingués positivement dans la gestion des deniers publics. Je ne veux pas que l'on passe le temps à chercher des poux sur des crânes rasés, jusqu'à jeter des innocents en prison.
Ce sont des erreurs à éviter absolument. Et là, je fais confiance à la Justice burkinabè qui, je dois le reconnaître, imprime de plus en plus sa marque si fait qu'elle refuse parfois de se laisser dicter sa conduite. C'est tout à son honneur. C'est à elle de maintenir le cap jusqu'à ce que les uns et les autres finissent par comprendre que dans un Etat de droit digne de ce nom, le juge ne reçoit d'ordre de personne.
Il rend ses décisions en toute âme et conscience. C'est pourquoi je souhaite qu'à l'issue des auditions, tous ces ex-ministres ou présidents d'institutions qui seront rattrapés par leur gestion, bénéficient d'un procès équitable respectueux des droits des uns et des autres.
Tout autre démarche rendrait sympathiques les mis en cause qui pourraient s'en servir pour parler de " cabale " destinée à nuire à leur carrière politique.