Le conseil des droits de l'homme de l'ONU examinait ce jeudi à Genève la situation au Bénin. Face aux représentants d'une centaine de pays, la délégation béninoise emmenée par le ministre de la Justice a tenté de donner garanties sur les avancées depuis la dernière revue il y a six ans.
Sur les 198 recommandations faites en 2017, 191 ont été adoptées. Pour les sept autres, les autorités béninoises en avaient pris " note ", et ce jeudi, le Garde des Sceaux, Séverin Quenum a promis de nouvelles mesures.
Sur les droits économiques, sociaux et culturels, de l'aveu même des défenseurs des droits de l'homme, le Bénin a fait un bond en avant depuis le dernier passage en revue officiel à l'ONU, ce que n'a pas manqué de rappeler le Garde des Sceaux béninois, Séverin Quenum :
" Le point d'orgue de cet esprit général de consécration des droits de l'homme réside incontestablement dans la loi ayant porté révision de la Constitution avec la consécration de l'abolition de la peine de mort, l'introduction de la discrimination positive en faveur de l'accès des femmes aux fonctions électives et renforcement du statut de l'opposition, le financement public des partis politiques, le renforcement de la limitation du nombre de mandats présidentiels et son extension aux députés. "
L'abolition de la peine de mort est en effet le meilleur exemple de ces progrès, inscrite désormais dans la Constitution, nouvelle depuis 2019. Les 14 derniers condamnés à mort ont vu leur peine commuée en prison à vie.
Les mauvais traitements infligés aux enfants, les mariages forcés, les mutilations génitales imposées aux femmes, les détentions arbitraires, les exécutions extra-judiciaires et l'usage excessif de la force. Voilà les points qui bloquaient depuis six ans au Bénin. Points que n'avaient pas manqué de relever les défenseurs de droits humains.
Six ans plus tard, devant l'assemblée onusienne, Séverin Quenum a tenté de rassurer les États membres, annonçant notamment la création de prisons aux standards internationaux et de rappeler aussi le parcours accompli en termes de conformité des lois béninoises sur les normes internationales.
" Recours excessif à la force "
Voilà pour les progrès. Autant de mesures qui ont permis, selon le ministre, d'ouvrir une nouvelle ère aboutissant aux dernières élections législatives de janvier ouvertes à l'opposition et sans violences.
Pour autant, sur ce volet des droits politiques, le bât blesse encore d'après le représentant au Bénin d'Amnesty international, Dieudonné Dagbeto : " Le recours excessif à la force est toujours d'actualité, c'est une question qui nous préoccupe toujours, sans occulter les questions de liberté d'expression, de réunion pacifique. Nous estimons que le Bénin a encore d'énormes efforts à faire sur ce plan-là. " Des progrès sont possibles sur ce sujet, jugent les ONG béninoises et internationales, notamment sur les enquêtes des cinq Béninois tués juste avant la présidentielle d'avril 2021, enquêtes qui n'ont toujours pas abouti à ce jour.
Les défenseurs des droits humains martèlent qu'il faut également réviser le code pénal - là encore, " s'il y a la volonté politique, on peut le faire assez rapidement ", poursuit Dieudonné Dagbeto - et le code numérique, notamment leurs articles jugés les plus répressifs qui limitent le droit à la liberté d'expression et de réunion pacifiques ou d'abolir le délit de fausses informations utilisé pour emprisonner des journalistes.