Record de critiques pour ce qui devait être un record du patriotisme. Le drapeau humain qui a "flotté" sur la pelouse du stade Anjalay, mardi, a soulevé une série de questions dont se seraient bien passées les activités marquant le 55e anniversaire de l'Indépendance et les 21 ans de l'accession du pays au statut de République, d'autant plus que le thème choisi est "Larmoni dan nou repiblik".
"Hoodies" sponsorisés par MT
Le défi : réunir le maximum de jeunes pour former un drapeau humain et être homologué par le livre Guinness des records. Pour cela, les 6 145 collégiens qui étaient sur la pelouse à Belle-Vue étaient répartis en cinq groupes : les quatre couleurs du drapeau national et le blanc pour former le mât. Ils portaient des hoodies, ou pulls à capuche, dans ces cinq couleurs.
Lors d'un point de presse, hier après-midi, Avinash Teeluck, ministre des Arts et du patrimoine culturel, a déclaré que c'est Mauritius Telecom (MT) qui a sponsorisé le coût des 6 145 pulls à capuche. Il a également précisé que les bouteilles d'eau ont été fournies par la société Acqua Springs. Combien a coûté cette opération kas rékor ? Au ministère des Arts, les sources ne citent aucun chiffre. L'une d'elles lance : "Li pann kout komié li ti sipozé kout nou. C'est grâce aux sponsors qui ont contribué à ce projet national." Une fois les hoodies et la collation - deux gros postes de dépenses pris en charge - le ministère s'est chargé des autres frais, dont le transport.
Y a-t-il eu quatre mois de préparatifs ? Comme ce n'était pas possible de déplacer tous ces collégiens plusieurs fois, il y a eu "une répétition et beaucoup de coordination avec la SMF et le ministère de l'Éducation". Par exemple, pour comptabiliser le nombre de participants, chaque collégien a reçu un code QR, qui a été scanné à son entrée sur la pelouse.
MT, par la voix de Karishma Beeharee Moher, Head of Media and Public Relations, confirme sa "contribution en tant que sponsor dans le cadre de la création du plus grand drapeau humain flottant pour être inscrit dans le Guinness Book of Records. Au niveau des coûts, cela concerne notre stratégie interne de parrainage".
"Dipin brinzel sorti dan 5-zétwal"
Le partenariat entre le ministère des Arts et l'Association des hôtels et restaurants de l'île Maurice (AHRIM) n'est pas nouveau. Du côté du ministère, on rappelle que les deux institutions sont liées par un public-private partnership pour la préservation du patrimoine national. Cela fait suite à une mesure du Budget 2021-2022.
Un comité public-privé a même été établi pour dresser une liste de sites à restaurer dans le court, moyen et long terme. Mais surtout pour trouver des sources de financement du public comme du privé.
Pour la course au record, le ministère a de nouveau sollicité l'AHRIM. "C'est par souci d'hygiène alimentaire que le choix d'un menu végétarien a été fait. Pa dipin binzel sa. Ou'nn déza manz enn panini vézétaryin? C'est cela qu'on a proposé aux enfants. Sé enn dipin sorti dan lakwizinn 5-zétwal sa. Cela ne peut être de qualité inférieure", fait-on valoir au ministère des Arts et du patrimoine culturel.
Erreur dans le certificat "temporaire"
Comment est-ce que BelleVue est devenu "Belle Rue" sur le certificat remis par le représentant de Guinness World Records au Premier ministre, Pravind Jugnauth ? Selon les renseignements disponibles, c'est Guinness World Records qui prépare le certificat. "Ce certificat est sous scellé sous la garde de Pravin Patel, représentant de Guinness World Records, jusqu'au moment où il monte sur le podium pour annoncer que le record est homologué."
Une source ajoute que le représentant de Guinness World Records a été épaulé par deux private ushers, deux anciens huissiers de justice aujourd'hui à la retraite. L'un d'eux a été le chef huissier à la Cour suprême.
Au ministère des Arts, on affirme que le certificat n'a pas été visé au préalable par leurs services. "Nou pa gagn aksé." Une fois l'erreur constatée, une demande a été faite pour la rectifier "d'urgence", explique-t-on. En précisant que le certificat qui a été remis mardi est un document "temporaire. A priori, Guinness World Records ne sait pas si Maurice améliorera effectivement le record, ni combien de personnes seront présentes. Le certificat final avec le nombre de collégiens ayant participé au record sera remis dans un deuxième temps, tout en rectifiant l'erreur qui a été commise".