Dakar — Les quotidiens reviennent largement vendredi - comme on pouvait s'y attendre - sur la conférence de presse donnée la veille par l'ancien procureur Serigne Bassirou Guèye relativement à l'affaire "Sweet Beauty", en référence à des accusations de viol visant l'opposant Ousmane Sonko.
L'actuel président de l'Office national de lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC), alors procureur de la République, avait en charge la supervision de l'enquête ouverte dans cette affaire née des accusations d'une masseuse contre l'opposant.
"Tout ce que Sonko dit, depuis deux ans, est faux", assène le magistrat dans des propos rapportés par Libération et plusieurs autres journaux dont la une porte sur cette affaire qui tient en haleine la presse et l'opinion depuis au moins deux ans.
Des manifestations et des affrontements violents avaient éclaté dans le pays après l'arrestation de l'opposant, le 3 mars 2021, alors qu'il se rendait au Tribunal qui l'avait convoqué.
Quatorze personnes ont trouvé la mort dans ces émeutes qui ont duré cinq jours.
"Je ne suis ni un comploteur ni un falsificateur de PV", insiste le magistrat à la une du même journal, pour répondre aux accusations du leader de PASTEF -Patriotes du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité.
Ousmane Sonko a toujours soutenu que cette affaire relève d'un "complot d'Etat" visant selon lui à l'empêcher de se porter candidat à la prochaine présidentielle de 2024. Il accuse dans le même temps Serigne Bassirou Guèye d'avoir falsifié un PV d'enquête de la gendarmerie, comme une pièce du même "complot".
Vox Populi retient que l'ancien procureur "se blanchit", Le Témoin quotidien parlant même de "réquisitoire à charge de Serigne Bassirou Guèye contre Sonko".
"Face à la presse, l'ancien procureur a nié avoir voulu faire arrêter le leader de Pastef en mars 2021. Il s'est aussi inscrit en faux contre l'accusation d'avoir modifié le procès-verbal d'enquête préliminaire de la gendarmerie et a menacé Sonko d'une riposte foudroyante s'il continue de l'attaquer", résume ce journal.
"Si je dois revenir, ce sera avec d'autres éléments", prévient le magistrat, cité par le Soleil, selon lequel Serigne Bassirou Guèye "clarifie et avertit".
L'Observateur, de son côté, note dans le discours de l'ex-procureur des "menaces voilées d'une montée en puissance". "Ousmane Sonko ne connaît pas son dossier, c'est la politique qui l'intéresse", affirme le magistrat dans des propos rapportés à la première page du journal Le Quotidien.
Selon Serigne Bassirou Guèye, cité par Le Quotidien, six contradictions ont été soulevées par les enquêteurs dans les déclarations du leader de Pastef, contre trois contradictions décelées chez son accusatrice, Adji Sarr.
Sud Quotidien et Tribune s'intéressent à la situation de l'ancienne Première ministre Aminata Touré, déchue de son poste de députée le 24 janvier dernier. Cette rupture avec son camp, dans ce cas représenté par la coalition Bennoo Bokk Yaakaar (BBY) regroupant le parti au pouvoir et ses alliés, semble inciter Mme Touré à vouloir tenir coûte que coûte ses positions politiques.
"Mimi engage la résistance", affiche à ce sujet Sud Quotidien. A en croire ce journal, l'ancienne Première ministre n'entend pas se laisser faire "face à l'injustice dont elle dit faire l'objet".
Aminatou Touré se dit "prête à saisir toutes les voies et recours juridiques nationaux et internationaux pour mettre fin à cette injustice", assurant vouloir "se battre jusqu'à son dernier souffle et quoi que cela lui coûte".
Elle laisse par ailleurs entendre que sa bataille vise également la question du mandat présidentiel. "Dans ce combat contre le 3e mandat [du président Sall], j'y laisserai mon dernier souffle", dit l'ancienne Première ministre.