L'ambassadeur de France au Burkina Faso, Luc Hallade, a été rappelé par Paris pour "consultations", a déclaré le Quai d'Orsay. L'annonce fait suite à l'annonce, mercredi, du retrait des troupes françaises du pays d'ici à un mois.
"Dans le contexte des derniers développements intervenus au Burkina Faso, nous avons décidé de rappeler notre ambassadeur à Paris, pour mener des consultations sur l'état et les perspectives de notre coopération bilatérale", a indiqué le ministère des Affaires étrangères. Paris a pris acte de la décision du gouvernement burkinabè, confirmée lundi, de mettre fin à un accord de défense de 2018 avec la France.
"Mardi [... ], nous avons reçu formellement la dénonciation, par le gouvernement burkinabè, de l'accord de 2018 relatif au statut des forces françaises présentes dans ce pays. Conformément aux termes de l'accord, la dénonciation prend effet un mois après la réception de la notification écrite", a déclaré le Quai d'Orsay.
Les termes de l'accord seront respectés
Le Burkina héberge actuellement un contingent de près de 400 forces spéciales françaises, la force Sabre. Ces dernières auront quitté le pays d'ici à fin février et le retrait de tous les matériels devrait être achevé fin avril. Le gouvernement burkinabè avait assuré lundi avoir demandé le départ des militaires français dans un délai d'un mois, sans pour autant vouloir rompre diplomatiquement avec Paris.
Depuis leur arrivée au pouvoir en septembre à la faveur d'un putsch, le capitaine Traoré et son gouvernement ont manifesté leur volonté de diversifier leurs partenariats, notamment en matière de lutte contre le jihadisme, alors que le Burkina s'enfonce depuis 2015 dans une spirale de violences.
Rapprochement avec la Russie
Les nouvelles autorités ont parallèlement engagé un rapprochement avec la Russie. Le Premier ministre burkinabè, Appolinaire J. Kyelem de Tambéla, a été à Moscou en décembre dernier et avait déclaré qu'un partenariat avec la Russie était "un choix de raison". La France est contestée depuis plusieurs mois au Burkina et sa présence militaire n'a pas permis d'enrayer les attaques des groupes jihadistes liés à Al-Qaïda et au groupe État islamique dans ce pays parmi les plus pauvres au monde. Les autorités burkinabè n'ont pas sollicité l'aide militaire de leur partenaire depuis juillet 2022, selon l'état-major français.
En décembre, la junte avait demandé à Paris le remplacement de son ambassadeur, Luc Hallade, visé notamment pour avoir fait état de la dégradation de la situation sécuritaire dans le pays. Le 23 janvier, le porte-parole du gouvernement, Jean-Emmanuel Ouédraogo, indiquait que celui-ci avait reçu toutes les assurances sur le fait que les autorités françaises [allaient] accéder à cette requête dès cette semaine.
Le précédent malien est dans toutes les têtes. Après neuf ans de présence, les militaires français ont achevé leur retrait du pays en août, poussés dehors par une junte hostile qui a fait appel à la société privée paramilitaire russe Wagner. Le président français, Emmanuel Macron, a lancé une réflexion pour repenser les partenariats militaires sur le continent africain, qui devront coller aux demandes spécifiques des pays et s'appuyer sur des dispositifs moins visibles. De premières conclusions devraient être tirées "dans les prochaines semaines", de source gouvernementale. Quelque 3 000 militaires français sont toujours déployés au Sahel, entre Niger, Tchad et Burkina.