La charge provisoire de trafic de drogue portée contre John Brant Vivien, plus connu comme John Brown, a été rayée par le tribunal de Mapou ce mercredi dernier.. Presque trois ans après le début de cette affaire, pourquoi la police n'a-t-elle toujours pas réussi à loger une accusation formelle ? Cela constitue-t-il un abus potentiel de procédure ? Qu'en est-il des nombreuses enquêtes et plaintes contre l'ADSU dans cette affaire ?
La charge provisoire de trafic de drogue portée contre John Brant Vivien, plus connu comme John Brown, a été rayée par le tribunal de Mapou ce mercredi 25 janvier. Pour rappel, cet habitant de Résidence Ste-Claire, Goodlands, avait été arrêté le 29 avril 2020 à son domicile, suite à une perquisition de l'Anti-Drug and Smuggling Unit (ADSU) de Flacq et à laquelle le Groupement d'intervention de la police mauricienne (GIPM) avait également participé. L'ADSU avait affirmé que John Brown avait alors en sa possession un sac en plastique contenant de la drogue, soit 69,9 grammes d'héroïne et 69 grammes de drogue de synthèse, d'une valeur totale d'environ Rs 1,4 million. Toutefois, John Brown avait toujours clamé son innocence, précisant que la drogue en question avait été en fait "plantée" par l'ADSU afin de le piéger. Coup de théâtre à peine un mois après cette opération. Des images CCTV - démontrant clairement que John Brown n'avait en sa possession aucun sac au moment de son arrestation - avaient suscité une vive controverse et des critiques sur le fonctionnement et le rôle de la brigade antidrogue.
Alors que la police a toujours maintenu que John Brown était bien en possession ladite drogue au moment des faits, presque trois ans plus tard, pourquoi n'a-t-elle pas pu loger une charge formelle dans le délai accordé par le magistrat ? Pour Me Rouben Mooroongapillay, l'avocat de John Brown, il est clair que cette affaire est bien complexe, et ce pour de multiples raisons. "On a une version de la police. Mais il y a aussi les images vidéo et la défense de John Brownqui s'y réfère... En outre, on retrouve la mention réitérée par John Brown qu'il n'avait pas de sac en sa possession. D'ailleurs, compte tenu de la quantité (énorme) de drogue que la police prétend avoir saisie sur lui, celle-ci aurait dû être visible sur les images vidéo... .Qui est en possession de la drogue alors, si ce n'est pas mon client ? Ce devrait être les policiers concernés. Où l'ont-ils obtenue ?", s'est-il demandé.
De nombreuses plaintes ont par conséquent également été déposées dans cette affaire, dont une auprès de l'Independent Police Complaints Commission (IPCC) par la famille de John Brown pour brutalité policière. En 2021, Me Rouben Mooroongapillay avait rencontré le Commissaire de police pour réclamer que l'enquête change de mains et faire le point sur celle de la CCID - la CCID, elle, enquêtait sur l'ADSU. John Brown lui-même avait aussi fait une énième déposition contre les éléments de l'ADSU, notamment pour forgery car, se basant sur les images CCTV, il avait affirmé que le policier qui lui avait mis la main dessus en premier - et qui avait affirmé par écrit que John Brown avait en sa possession un sac en plastique contenant de la drogue - n'était pas celui qui l'avait immobilisé. Cependant, toujours selon Me Rouben Mooroongapillay, on apprend que l'IPCC n'est pas en mesure d'enquêter sur ce dossier et qu'elle l'a renvoyé à la police pour que cette dernière enquête davantage, car l'IPCC ne dispose pas de la logistique requise. "Ils ne disposent pas eux-mêmes de la logistique requise, comme par exemple des IT units, pour effectuer des exercices informatiques, alors que je suis d'avis que l'IPCC aurait pu solliciter l'aide de lapolice, mais mener elle-même l'enquête", a confié Me Rouben Mooroongapillay. On apprend également que la valeur estimée des drogues saisies aurait été revue. "Au départ, ils (la police) avaient affirmé que la drogue valait plus d'un million. Puis ils ont changé pour dire qu'elle valait quelques 800 000 roupies."
Alors qu'une poursuite au civil est prévue et que des sanctions contre les officiers impliqués ont été réclamées à plusieurs reprises dans cette affaire, quelle est la marche à suivre ? Et un tel délai ne constitue-t-il pas un abus potentiel de procédure ? "Tout revient à la volonté des enquêteurs. Nu pena powers of arrest, IPCC pena powers of arrest", nous affirme Me Rouben Mooroongapillay. Donc, où en sont toutes ces enquêtes menées par la CCID, et qu'en est-il de toutes les lacunes de cette affaire ? Nous avons sollicité des explications auprès du Police Press Office via des appels téléphoniques et des e-mails, mais une réponse de leur part est toujours attendue.