"Nou trop trankil. Si nou ti fer dezord kouma dan bann lezot lendrwa, mo sir zot ti pou galoupe pou trouv enn solution". La colère gronde à Camp-Carol, Grand-Baie. Pour la énième fois, ce quartier de Grand-Baie est inondé. "J'habite ici depuis mon enfance. Mon fils vient d'avoir 40 ans et depuis plus de 40 ans, nous subissons des inondations. Zot avoy nou promne", martèle Nazmeen, une habitante de la région.
A côté, Michael et son frère François sont allés donner un coup de main à des volontaires pour essayer de nettoyer un drain naturel sur lequel les autorités ont donné la permission de construire un bâtiment commercial. La maison familliale des deux frères dont le père est alité, est inondée. La mère ne sait pas à quel saint se vouer. La nourriture entreposée dans un placard dans la cuisine semble être bonne pour la poubelle. Elle a dû retirer les vêtements de son armoire pour qu'ils ne s'abiment pas. La tristesse se lit sur le visage du mari alité. Même si sa santé lui aurait permis de se lever, il n'aurait pu rien faire contre la montée des eaux.
Sur la route, plusieurs familles crient leur désespoir. "Mo fek asté enn larmwar, li'nn fini gate", déclare Nazmeen. Ses voisins sont en colère. "Combien de fois nous avons réclamé des drains dans le quartier, mais la National Development Unit en a construit là où ce n'est pas nécessaire", déclare un homme, lui aussi victime des eaux. Comme un malheur ne vient jamais seul, les égouts ont également débordé, déversant les eaux usées dans la cour des habitants de ce quartier tant négligé par les autorités.
Pourtant, la National Development Unit avait accordé un contrat de Rs 27 millions à une firme privée pour construire des drains. Bien que les travaux aient été complétés dans certains coins, ils ont été suspendus au début de 2019 là où il faut vraiment des drains.