Kaffrine — Les sites mégalithiques de Wanar et Sine Ngayène (Sénégal) et ceux de Wassu et Kerbatch en Gambie sont la preuve que la foi était présente dans ces espaces bien avant l'arrivée des religions Abrahamiques en Afrique, estime l'archéologue sénégalais Hamady Bocoum.
"C'est une religiosité africaine qu'il faut accepter, parce qu'on a tendance à croire que la foi, c'est les trois religions monothéistes", a déclaré M. Bocoum, actuellement directeur du musée des civilisations noires (MCN) de Dakar.
"Il faut aujourd'hui garder ce témoignage et l'enseignement qu'il véhicule sur l'humain", a-t-il dit, ajoutant que le centre d'interprétation de Wanar, inauguré jeudi dans la région de Kaffrine (centre), va jouer ce rôle de médiation.
Selon Hamady Bocoum, ancien directeur du patrimoine culturel, ces différents sites, inscrits depuis 2006 au patrimoine mondial de l'UNESCO, font au total 36.000 m3.
Le site de Wanar regroupe 21 cercles de pierres mégalithiques, celui de Sine Ngayène a 52 cercles, contre 11 et 9 cercles pour Wassu et Kerbatch respectivement, précise-t-il.
"Ces cercles sont des séries de pierres frontales, ce qui fait penser qu'ils sont liés à un culte en partie solaire", a indiqué M. Bocoum, selon qui la Nasa, l'agence spéciale américaine, par le biais de l'astronome sénégalais Maram Kairé a confirmé ce rapport avec le soleil.
"C'est un culte solaire associé à des ancestralisations, c'est-à-dire que ces cercles contiennent pour l'essentiel des restes humains qui ne sont pas en général en position d'inhumation primaire", explique-t-il.
Les mégalithiques, de "méga" (grosse) et "lithi" (pierre), ont été fabriquées, taillées et installées sur place, avant de servir de caveaux à des clans ou des lignages.
"Les personnes décédées ont été gardées et puis il y a eu des cérémonies rituelles d'ancestralisation suivant des cycles au cours desquels les restes de ces personnes sont ramenées dans ces espaces. Les gens étaient enterrés souvent ensemble, certains pendant six siècles", a indiqué le directeur général du musée des civilisations noires.
Pour Hamady Bocoum, tout laisse croire que "des lignages ou des clans qui avaient chacun leur cercle et ou cycliquement, ont ramené le reste des personnes disparues".
Des crânes, des os longs, des poteries, des objets précieux tels que des bracelets en or, en bronze, en fer, ainsi que des lances recourbées ont été retrouvés dans ces caveaux, selon le professeur Bocoum.
Il souligne que ces cimetières individuels et collectifs, où les inhumations ont précédé la pose de pierres pesant entre cinq voire six tonnes chacune, ont existé du 12e siècle à la fin du 15e.