Afrique: [Sommet Dakar 2] Allier Agrobusiness et exploitations familiales - Les propositions du secteur privé

27 Janvier 2023

Comment allier agrobusiness et exploitations familiales ? Cette problématique était au cœur des discussions, hier, au deuxième jour du sommet de Dakar 2 sur la souveraineté alimentaire et la résilience.

Au deuxième jour du Sommet " Dakar 2 " sur la souveraine alimentaire et la résilience, les échanges ont porté sur les opportunités et les défis du secteur agricole, notamment sur comment combiner l'agrobusiness et les exploitations familiales. " Les grandes entreprises ont besoin de ces petits exploitants. Il faut une rentabilité d'un système très intégré permettant à chacun d'en tirer profit ", explique Birju Patel, vice-président d'Export Trading Group (Etg). De l'avis de Gérard Mahinda, Ceo de Dance Africa Corp, la réussite passe par la création de blocs commerciaux, la mobilisation de capitaux, le savoir-faire technique et la création de synergies. " Il faut sensibiliser le secteur privé pour qu'il prenne davantage d'initiatives, harmoniser les normes et les réglementations et mettre en place des incitations fiscales pour davantage de productions ", préconise-t-il. Abondant dans le même sens, Gora Seck, président de la Ferme Teranga et membre du Club des investisseurs sénégalais (Cis), insiste sur la nécessité d'avoir une fiscalité plus souple pour le secteur agricole, un meilleur accès au foncier, aux financements et à la formation sur l'utilisation des engins mais aussi de l'engrais.

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Le changement climatique reste une préoccupation partagée. " Nous devons user de la science pour maîtriser les phénomènes naturels et surtout gérer l'eau. À cela s'ajoute le choix de semences et adaptées en plus d'une coordination des flux hydrauliques pour prévenir les excès ", propose John Coumantaros, directeur de Flour Mills of Nigeria. Ahmed Abdellatif, président de Ctc group (Soudan), et Rita Zniber de Diana Holdings (Maroc) pensent également qu'il faut être plus agile face à ce phénomène et travailler au niveau politique pour adapter les politiques au gré des défis. " Il faut une transition de la chaîne d'approvisionnement pour acquérir de la matière première et contrer les crises ", estime Ahmed Abdellatif.

La Sierra Leone, le Lesotho et le Botswana misent sur les femmes et les jeunes

Le Fida met 3 milliards de dollars sur la table

Le Fonds international pour le développement de l'agriculture (Fida) va mettre 3 milliards de dollars pour accompagner le développement des systèmes alimentaires africains. L'annonce a été faite, hier, par Dr Alvaro Lario, président dudit fonds, qui prenait part à un panel organisé au deuxième jour du sommet " Dakar 2 ". L'objectif est d'accompagner la transformation de l'agriculture sur le continent en venant en appui aux petits exploitants, les femmes et les jeunes et aux populations les plus vulnérables. " Il faut des systèmes alimentaires rénovés, transformer les visions en actions et politiques ", explique Dr Lario, convaincu que les compacts feront la différence. D. DIENG

Une cartographie des sols

Pour le Ministre sénégalais de l'Agriculture, de l'Équipement rural et de la Souveraineté alimentaire, Aly Ngouille Ndiaye, le principal défi aujourd'hui, est de faire une cartographie des sols pour plus d'efficience. " Il faut qu'on soit plus efficient en faisant une cartographie des sols et définir les types de formules dont nous avons besoin ", propose le Ministre de l'Agriculture, de l'Equipement rural et de la Souveraineté alimentaire. D'après lui, la production de gaz en 2023 permettra de fabriquer de l'urée grâce à l'intervention des Industries chimiques du Sénégal (Ics). Ensuite, précise-t-il, il va falloir faire en sorte que les engrais atteignent les exploitants ciblés par la politique de subvention.

Partant de l'expérience du Sénégal, il insiste sur la nécessité d'avoir des fertilisants pour booster les rendements. " Nous avons fait beaucoup d'efforts ces deux dernières années. Nous sommes passés de 84 000 tonnes d'engrais à 160 000 tonnes entre 2012 et 2022 avec des subventions comprises entre 50% et 90% selon le type d'engrais ", explique le Ministre, promettant de poursuivre cette politique volontariste.

FINANCEMENT DU SECTEUR AGRICOLE

La Bad, la Badea et la Boad vont unir leurs forces

Même si les différents engagements des partenaires financiers seront dévoilés aujourd'hui, dernier jour des travaux du Sommet " Dakar 2 ", la couleur est annoncée. Au cours d'un panel, hier, le président du groupe de la Banque africaine de développement (Bad), Akinwumi Adesina, a transmis les intentions des partenaires financiers d'accompagner la réalisation des ambitions de l'Afrique en matière de souveraineté alimentaire. " Aujourd'hui, nous travaillons ensemble à travers des partenariats pour financer la souveraineté alimentaire ", promet-il. Pour lui, les drapeaux des institutions internationales ne sont pas importants, l'essentiel est d'avoir des partenariats qui impactent les conditions de vie des populations. Le président de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (Badea), Sidi Ould Tah, estime également qu'il est essentiel de bâtir un partenariat pour l'atteinte des objectifs. " Il faut la somme de nos actions individuelles pour combattre l'insécurité alimentaire. Nous devons entourer le baobab ensemble. La contribution de chacun permettra d'atteindre les objectifs de ce programme ", souligne-t-il, se disant " impressionné " par la qualité et la diversité des participants. Pour le président de la Banque ouest-africaine de développement (Boad), Serge Ekué, les efforts seront poursuivis ensemble. " Nous avons mobilisé 500 millions de dollars durant la Covid-19 pour soulager les États et le secteur privé. Nous avons aujourd'hui 300 millions d'euros pour les engrais et les semences. Nos engagements pour le secteur agricole et la sécurité alimentaire sont passés de 15 à 25%, soit 2 milliards de dollars ", a détaillé Serge Ekué.

L'Ocp du Maroc s'engage à consacrer 4 millions de tonnes d'engrais à l'Afrique

Le président de l'Office chérifien des phosphates (Ocp) a pris part, hier, au panel sur les engrais. Mohamed Anouar Jamali a exprimé son engagement à soutenir davantage le secteur agricole en Afrique. Cet accompagnement sera matérialisé par la fourniture de 4 millions de tonnes d'engrais au continent en 2023, soit plus du double de la quantité livrée en 2021. C'est une manière, selon M. Jamali, de contribuer à l'augmentation des productions et à la souveraineté alimentaire. " La sécurité alimentaire est peut-être l'un des plus grands défis auxquels nous devrons répondre collectivement. L'enjeu est double et consiste à assurer une productivité alimentaire suffisante, tout en répondant aux défis de la durabilité et de l'impact environnemental de nos systèmes de production ", a soutenu M. Jamali. À ses yeux, " l'amélioration des rendements à travers une utilisation raisonnée des engrais est essentielle pour répondre à ce défi ". Au cours du panel, il a également abordé la collaboration avec le Sénégal. Selon lui, le Sénégal a bénéficié de la première phase du programme de distribution d'engrais de l'Ocp à des pays africains. Il s'agit des 25.000 tonnes d'engrais, dont un don de 15.000 tonnes, réceptionnées il y a quelques mois.

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