Ile Maurice: Vivement de l'expertise étrangère pour notre météo

Contrairement aux mathématiques, à la physique ou à l'informatique, la météo est loin d'être une science exacte. Il n'est donc pas possible de faire des prévisions météorologiques qui s'avèrent toujours exactes par la suite.

Le manque d'exactitude n'a toutefois pas été vu comme une finalité et depuis des siècles déjà les humains ont conçu maintes formules basées sur des données météorologiques collectées et aussi inventé des outils pour mieux prédire les caprices du temps.

Traditionnellement à Maurice et ailleurs, des agriculteurs observent aussi le comportement des animaux, des oiseaux et des escargots pour en déceler des indices du temps qu'il ferait. Par exemple, les planteurs et autres observateurs mauriciens auront sans doute noté que les escargots ont 'pris le haut' depuis une dizaine de jours. Signe qu'il pleuvrait en abondance avant même que la station de Vacoas n'émette ses prévisions.

Mais mieux que le kourpa traditionnel, Maurice dispose du dernier cri dans le domaine de la technologie pouvant générer des données météorologiques pas 100 % exactes mais fiables quand même dans une grande mesure. Il s'agit du système de radar Doppler introduit à Maurice suivant une requête faite par l'ancien Premier ministre Navin Ramgoolam à son homologue japonais, Shinzo Abe. Réagissant favorablement à la demande de Navin Ramgoolam, le gouvernement japonais fit un don de ce système dernier cri et bien qu'il y eut un cost-overrun, l'équipement fut installé à Trou-aux-Cerfs*.

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Découlant de cette innovation technologique, la question qui se pose est celle-ci : Maurice dispose-t-il de l'expertise humaine nécessaire pour exploiter au maximum tout le potentiel découlant de ce radar Doppler ? On a une fâcheuse habitude dans la fonction publique de s'agripper aux bonnes vieilles habitudes et de combattre toute innovation. Ainsi, quand les Indiens offrirent l'hôpital Jawaharlal Nehru à Maurice, ils dotèrent aussi l'établissement d'un système informatique approprié et hautement performant. Le personnel mauricien ne tarda pas à imposer la tradition du 'gratte-papier' pour rendre inutile le système informatique placé par les Indiens.

La performance du service météorologique ces derniers jours a fait l'objet de bien des critiques pas toutes justifiées mais quand même y a-t-il un autre pays où on prend des décisions aussi clownesques que de fermer les écoles en raison d'un danger d'inondation mais de garder les crèches ouvertes en même temps ?

Il fut un temps où le service météo était dirigé par des scientifiques de calibre comme Brahmanand (Sanjay) Padya et Yves Valadon et plus tard, Suresh Boodhoo et Ranjit Vaghjee. Il se peut que de nos jours, le service compte des éléments valables qui n'arrivent pas à s'imposer en raison de contraintes politiques. On dit que certaines décisions de Vacoas relèvent de pressions politiques exercées d'ailleurs comme dans le cas des fermetures d'école.

Pas seulement à la météo mais aussi dans d'autres services liés à la science, on assiste à l'installation de la même culture de la médiocrité où tout ce qui compte, c'est l'avancement de sa carrière comme salarié de l'Etat. Entend-on parler des grands travaux de recherche faits au Réduit dans le domaine de la canne comme ce fut le cas au temps des Robert Antoine et Claude Ricaud du Mauritius Sugar Industry Research Institute (MSIRI) ? Jadis des agronomes et chercheurs de l'Université et du ministère de l'Agriculture introduisaient de nouveaux services et produits. On aidait même les éleveurs d'animaux à produire leur propre énergie en exploitant leur biomasse. Au centre de recherches sur la pisciculture à Albion, des jeunes scientifiques étaient très actifs et produisaient des résultats concrets à l'issue de leurs recherches.

Maurice souffre certainement d'un déficit de compétences scientifiques. Il est vrai que nos meilleurs éléments formés à l'étranger ne reviennent pas au pays car chez nous les opportunités sont limitées et tout est politisé. On n'a plus des Kailash Ruhee et des Megh Pillay qui après des études sur le campus de Bâton Rouge en Louisiane aux Etats-Unis retournent au pays. De nos jours, on choisit de rester à l'étranger. Phénomène de globalisation aussi.

Le même phénomène attire des étrangers, en particulier des investisseurs et des acheteurs de villa de luxe, vers Maurice. Il faudrait trouver des moyens pour amener des scientifiques étrangers aussi à mettre leur compétence au service de Maurice. Evidemment l'expertise étrangère à la météo et dans d'autres services coûtera cher et fera hurler les syndicalistes de la fonction publique. Mais comme on l'a si bien dit, if you pay peanuts, you get monkeys.

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