Poste-de-Flacq, vendredi à la mi-journée. Comme l'ensemble du pays, la région est inondée. Mais Manta, 60 ans, vend des légumes comme à son habitude, à proximité de sa maison. Qu'il pleuve ou qu'il vente, elle doit gagner sa vie tout en rendant service au voisinage.
"Comme la place est couverte, mo kapav trase. Au bout d'un moment, surtout si le temps se détériore, je vais devoir rentrer chez moi." Cette mère de famille raconte qu'à 1 heure du matin, son mari est allé acheter les légumes en gros pour qu'elle les vende un peu plus tard. Malgré le temps, dit-elle, le travail est essentiel pour gagner son pain. La vente se déroule "comme d'habitude" puisque tout le monde est à la maison. "Les clients m'ont appelée pour me demander si je vais vendre des légumes, car ils doivent faire à manger, les enfants sont à la maison. Brinzel, lalo, margoz. Ils achètent tout. Pour l'instant, ça va, mais dans les prochains jours, nous ne savons pas si les légumes seront disponibles. Me bondie donn nu kouraz pu travay", confie-t-elle.
Il en est de même pour Mevin, 36 ans, qui vend ses dholl puri au coin de la rue. "Comme nous les préparons à partir de 2 heures du matin et que nous n'avons appris que vers 5 h 45 que tout serait fermé aujourd'hui, nous sommes obligés de les vendre pour ne pas qu'ils se gâtent", dit-il. La vente a été intéressante, il prévoit de rentrer chez lui dans pas longtemps.
"Nous faisons appel à la population pour qu'elle ne s'aventure pas à proximité de tels endroits, surtout lorsque les services de secours effectuent une intervention."
Un peu plus loin, à la station-service, Kunal Iyaboll est l'un des trois pompistes en service durant la journée, de 6 heures à 19 heures. Cette zone située le long de l'autoroute a été moins touchée que celles près de la rivière principale. "Les locaux sont sûrs. Pas beaucoup de clients aujourd'hui, sauf quelques-uns qui s'aventurent à l'extérieur, et surtout les véhicules de l'hôtel qui opèrent sur le terrain. En fin de compte, le climat est un facteur incontrôlable, alors nous restons concentrés sur notre travail."
À la Fire and Rescue Services Station de Centre-de-Flacq, l'équipe de sapeurs pompiers se prépare pour une nouvelle intervention, une évacuation à effectuer sans tarder. M. Bheechook, Acting Senior Station Fire Officer, affirme que depuis le matin, ils ont reçu au moins 25 à 30 appels et que jusqu'à présent, au moins 15 interventions ont été effectuées. "Néanmoins, nous sommes là pour relever les défis. Étant donné que ce sont des pluies torrentielles qui frappent tout le pays, nous déployons nos équipes partout et il est parfois difficile de répondre à toutes les demandes en temps voulu." Pour mieux gérer la situation, affirme-t-il, priorité est accordée aux situations où l'évacuation des personnes est urgente, car les maisons sont inondées, et à l'aide aux malades pour qu'ils puissent bénéficier d'une assistance immédiate. "Ensuite, nous nous occupons de tous les autres cas."
Plus loin, vers le pont principal à Argy, la route est impraticable. L'accès a été fermé au public pour des raisons de sécurité jusqu'à ce que l'intervention des éléments de la Special Mobile Force (SMF) soit terminée. La raison : la rivière, qui n'a pas été nettoyée depuis longtemps, a été envahie par des plantes aquatiques, ce qui a entraîné la montée des eaux à hauteur de la route en raison de la pluie incessante depuis tôt le matin.
Selon le Chief Inspector Mukhood Shradhanand, responsable de l'équipe de la SMF qui s'active sur place, une intervention de plusieurs heures a été menée avec l'aide du conseil de district de Flacq et de l'autorité de développement routier afin d'enlever les plantes aquatiques accumulées, de les éliminer et de rétablir "une structure claire" pour que le niveau d'eau baisse. "Nous devons nous assurer que cela est fait correctement, de sorte que même si la pluie persiste, cela ne recréera pas un problème. Nous faisons de notre mieux pour que l'accès soit rétabli tout en veillant à ce qu'il soit sûr."
Malgré le temps pluvieux, le débordement de l'eau suscite la curiosité de certains, qui s'empressent de s'approcher parfois à proximité de ces zones d'inondation pour voir ce qui se passe. Ce qui constitue une menace lors de telles interventions. "Nous faisons appel à la population pour qu'elle ne s'aventure pas à proximité de tels endroits, surtout lorsque les services de secours effectuent une intervention. Cela représente un risque pour leur sécurité, et cela risque aussi de compromettre notre intervention. Nous demandons à chacun de collaborer et de prendre ses responsabilités pour que la sécurité prévale", insiste Mukhood Shradhanand.