Afrique: Appréhensions

On ne peut qu'être inquiet de l'évolution du conflit russo-ukrainien, en particulier des positions toujours tranchées entre les parties. Depuis bientôt une année, non seulement la situation sur le terrain reste tendue, mais du côté de Moscou comme de Kiev et de l'alliance atlantique, le doute n'est plus permis de ce que, d'une manière ou d'une autre, l'on se dirige droit vers une guerre de dimension mondiale.

Passent les communiqués annonçant les prises, reprises, cessions ou pertes de territoires ; passe le décompte des morts, blessés ou prisonniers de guerre, le problème se pose aujourd'hui en termes d'issue du conflit. Personne ne voulant pour le moment négocier quoi que ce soit, toutes les énergies sont mobilisées de part et d'autre pour aller plus loin dans la confrontation, quitte à envisager une destruction complète de l'ennemi.

Les nouvelles ne sont évidemment pas bonnes en ce début d'année. En témoignent l'accélération côté Otan de la livraison d'armes de tous calibres aux forces ukrainiennes déterminées à défendre leur territoire, et les dispositions que prennent les forces russes engagées à protéger les quatre régions qu'elles considèrent désormais comme les leurs après les référendums organisés à Donetsk, Lougansk, Zaporijjia et Kherson en 2022.

A l'heure qu'il est, dans les chancelleries de la cinquantaine de pays désormais partie prenante au conflit, Ukraine et Russie y compris, le jusqu'au-boutisme se renforce, tout comme se renforce peu à peu la conviction que seule une sorte de dénouement fatidique conviendra pour arrêter la guerre. L'élimination physique de dirigeants ou l'utilisation d'armes prohibées ?

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Il est clair qu'entre Kiev et Moscou, le belligérant qui sentira la fin proche pourra tenter un pis-aller en ayant recours à l'armée nucléaire. Le risque se dessine sous nos yeux et nul besoin de se cacher au fond des tranchées des deux pays en guerre pour s'en rendre compte. On ne peut plus ignorer que le conflit en cours est la plus grande menace des temps présents pour toute l'humanité.

Ce conflit a rangé aux calendes grecques les préconisations consensuelles contre les défis existentiels parmi lesquels le dérèglement climatique, la famine, les pandémies, la menace terroriste ; et décru l'attention de la diplomatie internationale sur les autres conflits d'ampleur dans lesquels des vies sont fauchées nuit et jour sans plus que personne ne lève la voix pour appeler à l'arrêt des hostilités.

Pour tout dire, de nos jours, apprendre que dans tel ou tel autre coin du monde un massacre a été perpétré contre des civils n'ébranle plus. Tous les regards étant désormais tournés vers l'Europe de l'Est, toutes les intelligences et toutes les énergies sont mises à contribution, non pas pour faire cesser le jeu de l'anéantissement mutuel, mais pour en envisager la perpétuation.

Quand est-ce que Russes et Ukrainiens qui se partagent tant de choses prendront langue pour conclure la paix des braves ? Quand ils n'auront plus personne à qui parler ?

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