Ce dimanche, ça fait sept ans jour pour jour que le journaliste malien, Birama Touré, a disparu. Selon une enquête de Reporters sans Frontières sortie l'an dernier, le reporter du journal d'investigation Le Sphinx serait très probablement mort des suites de sévices infligés lors de sa détention au secret dans les locaux des services de renseignement en 2016.
Birama Touré enquêtait notamment sur Karim Keïta, fils de l'ancien président Ibrahim Boubacar Keïta. Depuis le coup d'État de 2020 au Mali, l'enquête a avancé, mais RSF demande à la justice d'aller plus loin et au pouvoir en place d'aider à la manifestation de la vérité.
" Ce qui est peut-être un peu alarmant, c'est que seul le général Moussa Diawara, qui était donc le patron de la sécurité de l'État, a été appréhendé, explique Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de l'organisation, au micro de Sébastien Nemeth, de la rédaction Afrique. Or évidemment, il n'est pas le seul responsable. Il n'y a pas de volonté visiblement que soient entendus d'autres protagonistes malgré plusieurs demandes de la justice dans ce sens-là et ça on ne peut que le déplorer. "
" En dessous de lui, il y avait des exécutants : il y a des gens qui ont pu participer à son arrestation, à sa séquestration et on peut s'étonner que ces personnes-là n'aient pas été appréhendées, poursuit le représentant de RSF. Monsieur Ndiaye par exemple, qui était le numéro deux de la sécurité de l'État, a été nommé il y a un mois conseiller spécial au ministère de la Défense. La vraie question, ce sont les motivations derrière ce procès : est-ce qu'on veut une justice pour le journaliste Birama Touré, ou est-ce qu'on a juste cherché à travers cette affaire-là à écarter Moussa Diawara ?"
" L'un des éléments aussi qui est inquiétant pour la suite (c'est que) le temps joue contre la résolution de cette affaire, les mémoires sont moins bonnes et surtout des témoins clé ont déjà disparu. Il y a vraiment une urgence à ce que l'État malien réponde aux demandes de la justice malienne pour qu'on sache ce qui s'est passé ", conclut Arnaud Forger.
Un sentiment partagé par Adama Dramé, directeur de publication du Sphinx, réfugié à Paris. " L'enquête a beaucoup évolué, on a pu situer les responsabilités. Il y a eu des arrestations, notamment celles de l'ancien directeur à l'époque de la SE. Il y a eu un mandat d'arrêt international qui a été lancé contre Karim Keïta. Mais nous avons aujourd'hui certaines entraves qui se font au niveau de certaines personnes. En outre, le colonel dont on parle, l'un de ses indicateurs, a montré où se trouverait le corps de Birama. On demande à ce qu'il y ait le transport sur le lieu et puis chercher le corps. On demande aux autorités qui nous ont promis le "nouveau Mali", qu'il y ait une justice et pour Birama et pour les dizaines de personnes qui sont décédées dans les locaux de la Sécurité d'État. Aujourd'hui, il faudrait qu'il ait moins d'entraves, qu'on laisse la justice faire son travail. C'est tout ce qu'on demande. "