Burkina Faso: Incendie à Sankayaré - De l'urgence à déminer le secteur des explosifs aurifères

Quelques détonations, un panache de fumée qui s'élève dans le ciel de Ouaga et les populations qui se mettent à conjecturer, à redouter le pire.

Dans le contexte d'insécurité généralisée où nous baignons depuis fort longtemps, certains se sont tout de suite demandé en cette matinée dominicale s'il s'agissait encore d'un nouveau coup porté par l'hydre terroriste sur la capitale. Jusqu'à ce que, très vite, on se rende compte qu'il ne s'agissait " que " d'un incendie à Sankaryaaré causé par des explosifs utilisés sur les sites aurifères. Fort heureusement, il n'y a eu aucune perte en vie humaine. Une partie des installations de ce qui est l'un des principaux marchés de céréales du Burkina est cependant partie en fumée avec les pertes considérables qu'on peut imaginer.

Si jusqu'à hier en fin de journée on ne connaissait pas encore les circonstances exactes du sinistre, on peut penser qu'il est, comme toujours, la résultante du mélange forcément explosif du désordre, de l'insouciance et de l'irresponsabilité. Comme ce fut déjà le cas en juillet 2014 dans un dépôt illégal d'explosifs à Larlé qui a fait cinq morts, une quarantaine de blessés, causé l'effondrement ou la destruction partielle de 25 maisons dans le voisinage ainsi que des véhicules endommagés. Même scénario cinq ans plus tard, en janvier 2019 à Silmiyiri où une villa en location qui servait de magasin de dépôt pour ces produits dangereux a volé en éclats, entraînant notamment la mort du locataire et de nombreux dégâts matériels.

%

Les mêmes causes ont donc vraisemblablement produit les mêmes effets : l'entreposage dans des endroits non ad hoc et certainement pas dans les CNTP (conditions normales de température et de pression) de marchandises qu'on sait pourtant létales. Mais faut-il s'en étonner dans ce Burkina devenu un grand bazar à ciel ouvert où, souvent pour l'appât du gain, chacun fait à peu près tout ce qu'il veut sans se soucier des autres ? Et tout cela sous le regard impuissant de la... puissance publique qui, comme le médecin après la mort, ne fait souvent que constater les dégâts et prend des mesurettes de circonstances pour se rendormir sitôt l'actualité brûlante retombée.

Qu'a-t-on par exemple fait concrètement depuis les derniers drames pour conjurer les prochains en mettant un peu d'ordre dans ce grand bordel qui n'a certainement pas causé son dernier incident si rien n'est fait ? Y a-t-il seulement eu le moindre procès avec des condamnations exemplaires pour décourager à jamais ceux qui seraient tentés de suivre à l'avenir la même voie suicidaire ?

Autant dire qu'on n'a pas fini de déplorer ce genre de catastrophes si on ne prend pas des décisions hardies et qu'on ne se donne pas les moyens pour déminer ce terrain qui en a bien besoin et qui, peut-être, alimente même le terrorisme sans qu'on ne s'en rende compte. En avons-nous seulement la volonté politique ?

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.