Les rues sont désertes, les préoccupations sont différentes et les rares électeurs sont difficiles à aborder.
Sur la corniche, malgré un vent froid, certains courageux se promènent en compagnie de leurs chiens ou simplement avec des amis. Très peu ont les doigts enduits d'encre bleue.
Encore une nouvelle journée d'élection sans électeurs sous le ciel de la Tunisie. Dans un pays marqué par une polycrise, ils étaient très peu à s'être mobilisés , ce dimanche, pour le second tour des élections législatives. À Ezzahra, la journée d'aujourd'hui ressemblait étrangement à celle du premier tour du scrutin.
Dans les bureaux de vote, tout est soigneusement préparé, la sécurité est au rendez vous, mais on ne se bouscule pas pour donner sa voix. Parmi les candidats pourtant, une célébrité locale qui a fait la gloire de l'équipe de basket-ball de la petite banlieue sud dans les années 1990.
" J'ai toujours voté et aujourd'hui, j'ai voté pour le mari de la professeure de ma petite fille au lycée ", nous explique Mongia, une septuagénaire qui considère l'élection comme un devoir sacré.
" Je ne vois pas d'issue "
Zyna de son côté, une jeune de 25 ans est pressée, nous lui demandons si elle va au bureau de vote, sans surprise, sa réponse est négative.
" En fait je suis pressé car je participe à une formation sur l'art oratoire organisée par une association locale ici. Il y a quelques années j'étais vraiment contre toute abstention malgré la faiblesse de l'offre politique, mais maintenant je suis vraiment découragée, je ne vois pas d'issue et je veux partir personnellement ", nous explique Zyna avec beaucoup d'amertume.
Les rues sont désertes, les préoccupations ici sont différentes et les rares électeurs sont difficiles à aborder.
Sur la corniche, malgré un vent froid, certains courageux se promènent en compagnie de leurs chiens ou simplement avec des amis. Très peu ont les doigts enduits d'encre bleue.
" Je m'occupe de ma famille, je fais mon petit chemin tranquille sans faire de vague, cela fait déjà quelques années que j'ai arrêté de suivre les soubresauts de notre vie politique. J'aime mon pays, mais je veux préserver ma santé mentale ", nous dit Seifeddine, un homme de 35 ans accompagné de son fils 6 ans.
Si le maire, très populaire, affiche clairement depuis une semaine son soutien à l'un des candidats, il ne semble pas avoir réussi à convaincre les électeurs.
" Il faut comprendre et admettre qu'une crise politique, économique et sociale étouffe ce pays, l'offre politique est nauséabonde. Et je crois que ce sentiment de frustration, n'est pas en lien avec ce qui s'est passé le 25 juillet, c'est plus profond que cela ", analyse de son côté Fahmi que nous avons croisé à la sortie d'une mosquée.
Dans cette petite banlieue paisible, un sentiment général domine, celui de l'incapacité de se projeter dans l'avenir. Pour ceux que nous avons croisés, le microcosme de la vie politique n'est plus intéressant.
Sur le plan national, les chiffres donnés par l'Instance Supérieure Indépendante pour les Élections confirme cette tendance et cette morosité observées. Les chiffres de la participation restent en deçà des attentes.