Afrique: Souveraineté alimentaire en Afrique - Amadou Bâ appelle à l'action

30 Janvier 2023

Le Premier ministre du Sénégal, Amadou Ba, qui a présidé, vendredi, la clôture du sommet " Dakar 2 ", a appelé à une mise en œuvre des recommandations. De leur côté, les partenaires financiers, amenés par la Banque africaine de développement, ont promis une enveloppe de 30 milliards de dollars aux pays africains pour la réalisation de leurs pactes sur l'agriculture et de l'alimentation.

Venu présider la cérémonie de clôture du sommet " Dakar 2 " sur la souveraineté alimentaire et la résilience en Afrique, le Premier ministre sénégalais, Amadou Ba, a insisté sur la nécessité d'aller à l'action pour mettre en œuvre les recommandations issues de ces trois jours d'échanges. " La balle est dans notre camp. Il va de soi que notre engagement en matière de souveraineté alimentaire s'est nettement renforcée. Cela signifie que notre partenariat pour que l'Afrique puisse nourrir l'Afrique et le monde entier est fondé sur des bases solides ", a expliqué le chef du Gouvernement.

Il appelle à changer de paradigme et d'engager la rupture pour rompre la dépendance alimentaire vis-à-vis de pays moins dotés en termes de ressources agricoles. " Le nouveau paradigme de souveraineté alimentaire préconisé, que l'Afrique consomme ce qu'elle produit et produise ce qu'elle consomme, voudrait qu'on priorise un approvisionnement par cercles concentriques de proximité, allant de l'échelle de terroirs locaux à l'échelle continentale, en passant par l'échelle nationale et sous-régionale ", indique-t-il. À son avis, la transformation économique du continent ne pourra se faire sans une agriculture axée sur les nouvelles technologies résilientes aux changements climatiques, créatrice d'emplois viables et qui promeut la santé.

Amadou Ba est revenu sur les six enseignements majeurs à retenir de ce sommet. Il s'agit, entre autres, d'ériger le secteur en priorité de développement, travailler à faciliter l'accès au foncier, au financement durable, promouvoir les technologies agricoles, rendre l'agriculture plus attractive pour les jeunes et les femmes, l'accès au foncier, le partage d'expériences et de bonnes pratiques.

" Nous devons lancer une nouvelle approche de la souveraineté alimentaire afin que les populations africaines soient la cheville ouvrière de nos ambitions ", explique Amadou Ba, se félicitant de l'engagement ferme de la Bad ainsi que tous les partenaires financiers, notamment les autres banques de développement à accompagner et réaliser les politiques agricoles sur le continent.

PACTES DE L'ALIMENTATION ET DE L'AGRICULTURE EN AFRIQUE

Les partenaires financiers mettent 30 milliards de dollars sur la table

Lors de la clôture du sommet dit " Dakar 2 " sur la souveraineté alimentaire et la résilience, les bailleurs de fonds ont promis 30 milliards de dollars (plus de 18 090 milliards de FCfa) pour le financement des pactes de l'alimentation et de l'agriculture en Afrique.

Les partenaires financiers ayant pris part au sommet de Dakar sur la souveraineté alimentaire et la résilience ont promis, vendredi, une enveloppe de 30 milliards de dollars (plus de 18 090 milliards de FCfa au cours actuel du dollars) pour accompagner les pays à mettre en œuvre leurs pactes pour la souveraineté alimentaire en Afrique. À côté de cet accompagnement financier, il y a la mise en place d'un Conseil consultatif de haut niveau pour superviser les pactes par les Chefs d'État à partir de leurs pays.

Donnant les résultats des trois jours de travaux, le Président de la Banque africaine de développement (Bad), Akinwumi Adesina, a salué la réussite du sommet. " Nous sommes venus en réponse à un appel de l'Afrique. C'est le temps pour l'Afrique de se nourrir. 34 Chefs d'État et de Gouvernement ont transformé leur volonté politique en action en participant à des panels, des pactes agricoles et partagés des idées ", s'est félicité M. Adesina, magnifiant le leadership du Sénégal et de son Président de la République Macky Sall. " Votre participation et votre appui ont été incroyables. De même que votre leadership. J'aime le Sénégal. Le Sénégal est bancable ", s'est exclamé Akinwumi Adesina.

La Bad promet 655 milliards de FCfa au Sénégal

Le Sénégal a présenté à la communauté des bailleurs, durant ce sommet, sa Stratégie nationale pour l'atteinte de la souveraineté alimentaire. Comme annoncé par Aly Ngouille Ndiaye avant le sommet, l'objectif était de mobiliser 1 600 milliards de FCfa. La Banque africaine de développement a promis, à cet effet, une participation à hauteur d'un milliard d'euros, soit 655 milliards FCfa. L'annonce a été faite par le Président de la Bad, Akinwumi Adesina.

DÉCLARATION DE DAKAR

Pour une Afrique grenier du monde

Le sommet " Dakar 2 " est couronné de " succès ". Le Ministre sénégalais de l'Agriculture, de l'Équipement rural et de la Souveraineté alimentaire, Aly Ngouille Ndiaye, qui a prononcé la Déclaration de Dakar à la tribune, a rappelé le défi : en dépit de son immense potentiel agricole, l'Afrique souffre d'une insécurité alimentaire flagrante, avec 1/3 des personnes souffrant de la faim dans le monde. Pour atteindre la souveraineté alimentaire, la Déclaration de Dakar insiste sur la fourniture de technologies agricoles aux agriculteurs à grande échelle et l'accroissement des investissements.

Le sommet recommande de finaliser l'élaboration des compacts nationaux pour l'alimentation et l'agriculture approuvés en collaboration avec les pays, les partenaires au développement et le secteur privé afin de parvenir à la sécurité et à l'autosuffisance alimentaire, d'établir les conseils présidentiels pour superviser la mise en œuvre des pactes nationaux sur l'alimentation et l'agriculture.

Parmi les recommandations, figure également la mise en place des mesures et des incitations visant à créer un environnement propice à des investissements plus importants. Sans oublier la mobilisation des financements internes et externes pour les compacts nationaux pour l'alimentation et l'agriculture auprès d'un large éventail de partenaires multilatéraux et bilatéraux et le secteur. Les Etats sont également invités à augmenter les financements et les budgets nationaux pour soutenir les compacts nationaux conformément à la Déclaration de Malabo sur la croissance et la transformation accélérée de l'agriculture en Afrique en allouant au moins 10% du budget à ce secteur.

Enfin, la Déclaration de Dakar demande à la Commission de l'Union africaine et à la Bad d'assurer le suivi avec les différents partenaires au développement pour finaliser les 30 milliards de dollars annoncés et de rechercher un appui supplémentaire. Sans oublier la soumission de la Déclaration au Sommet de l'Union africaine en février 2023.

Agropoles, le modèle d'avenir

L'un des panels de la dernière journée du Sommet " Dakar 2 " a porté sur l'accélération de la mise en œuvre des Zones spéciales de transformation agro-industrielle. Elle a regroupé des banquiers, des entrepreneurs et des autorités publiques. Prenant la parole en premier, Oyebanji Oyelaran-Oyeyinka, Conseiller spécial du Président de la Banque africaine de développement (Bad) en industrialisation, a mis en avant les préalables et profits des zones agricoles et industrielles. Pour lui, dans ce contexte de crise, impactant les chaînes d'approvisionnement, la transformation agricole devient nécessaire.

À l'en croire, la réussite passe par le rapprochement des acteurs, s'assurer d'avoir l'électricité, l'eau, les routes, les services de communication, réduire l'asymétrie de l'information. Ainsi, souligne-t-il, nos pays auront des zones de production agricoles et industrielles spécialisées qui permettent de réduire l'exode mais aussi de créer des villes secondaires avec des services sociaux rendant la vie plus aisée. " Il faut poursuivre le chemin du développement et surtout en faire profiter aux petits exploitants en renforçant leurs capacités afin qu'ils deviennent de grands producteurs.

Au Nigeria, nous avons approuvé 8 projets et 24 en Éthiopie. Ce modèle marche et est adapté à tous les contextes. Nous avons mobilisé jusqu'à 800 millions de dollars pour cette politique ", a dit le conseiller spécial du Président de la Bad en industrialisation. Selon le Ministre marocain de l'Agriculture, Mohamed Sidiki, la politique agricole et industrielle du royaume chérifien, déroulée depuis 2008, vise à valoriser les chaînes de valeurs. " Nous avons mis en place un écosystème de services autour des chaînes de valeurs, des infrastructures avec 4 agropoles fonctionnels et 3 en cours de construction ", renseigne-t-il. Pour intégrer les petits exploitants à ce programme, ils sont agrégés en coopératives.

Le Sénégal mise également sur le modèle des agropoles. Selon Elhadji Djily Mbaye Lô, coordinateur national du projet Agropoles, il s'agit d'agropoles endogènes portés par les populations, afin de faire en sorte que les paysans ne connaissent pas un effet d'éviction face aux grandes puissances. " L'État renforce l'agriculture paysanne et met en place des politiques d'incitation dans le cadre réglementaire et facilite l'accès aux financements pour que les agropoles soient compétitives et attractives ", a indiqué M. Lô. D'après lui, les défis à relever sont l'augmentation de la production, la structuration des organisations paysannes, l'accès aux terres et à la technicité nécessaire.

Le Président de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (Badea), Sidi Ould Tah, promet plus de financements pour la valorisation des productions agricoles. " Nous pouvons aussi financer l'exportation des produits et l'importation des intrants. Nous soutenons tout ce qui permet aux Pme de bénéficier de la sous-traitance dans ces zones ", a souligné M. Tah.

PAPA ABDOULAYE SECK, ANCIEN MINISTRE DE L'AGRICULTURE

" Il faut décomplexer l'agriculture africaine "

L'ancien Ministre de l'Agriculture du Sénégal, Papa Abdoulaye Seck, qui modérait un panel sur le développement agricole, appelle à repenser la politique de transformation de l'agriculture africaine. " Il faut décomplexer l'agriculture africaine ", a-t-il déclaré. Ce qui permettra, d'après lui, non seulement d'atteindre l'autosuffisance alimentaire, mais également de réduire la perte de confiance des Africains vis-à-vis du marché international. Une politique qui, estime-t-il, est à accompagner par une vision commune entre acteurs privés et publics pour un impact significatif dans le secteur agricole.

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