Au Niger, quatre enfants sur dix ne sont pas enregistrés à la naissance. Le manque d'infrastructures est une explication mais ce n'est pas la seule.
Selon la loi du 1er juillet 2019 sur l'état civil dans le pays, les parents ont 60 jours, à partir de la naissance, pour déclarer leur enfant auprès des services de l'Etat. Cette déclaration peut aussi être faite par un parent proche, par le personnel de santé dans la maternité ou toute autre personne pouvant fournir les informations exactes nécessaires.
A quoi sert cette démarche et que se passe-t-il si l'enfant n'est pas enregistré ? Explications avec Idrissa Illiassou, conseiller éducatif auprès d'une école de Sakoira, dans le nord du Niger : "Beaucoup d'élèves, beaucoup d'enfants n'ont pas d'extrait de naissance," déplore-t-il. Cela pose notamment problème au moment des examens car "nous ne pouvons pas les faire partir dans un autre cycle sans avoir un état civil qui dit qui il est, d'où il vient, qui l'identifie."
Un acte essentiel pour la suite
L'inscription à l'école mais aussi l'établissement d'une carte d'identité, l'ouverture d'un compte en banque ou encore l'accès à la justice sont autant de démarches administratives pour lesquelles la présentation d'un acte de naissance est indispensable.
Par ailleurs, il permet à l'Etat de constituer des bases de données démographiques et statistiques. Et avec elles, de mieux planifier son action en faveur des enfants.
Un acte gratuit
Alors certes, la lenteur des services administratifs et le manque de moyens fait que l'obtention d'une pièce d'état civil prend souvent du temps. Mais selon Ibrahim Malangoni, directeur national de l'état civil au Niger, le problème vient aussi des citoyens eux-mêmes qui omettent de faire une démarche pourtant officiellement gratuite :
"Ils ne sont pas encore dans la logique de systématiser l'enregistrement dès que les faits d'état civil surviennent dans leur famille. Ils attendent toujours qu'il y ait le besoin, par exemple qu'il y ait le besoin pour l'école, qu'il y ait le besoin pour la justice, que le besoin se pose pour d'autres circonstances de la vie, pour bénéficier d'une bourse, pour aller ouvrir un compte à la banque et donc, c'est à ce moment que les gens se rendent compte qu'il faut le faire, l'acte d'état civil, alors qu'il fallait le faire plus tôt et c'était gratuit."
En 2021, les autorités ont lancé, avec le concours de l'Unicef, l'informatisation du système de l'état civil nigérien, espérant ainsi pouvoir accélérer les démarches. Un potentiel qui reste cependant conditionné à l'accès des habitants aux services numériques et plus généralement à internet.