Les Barea jouent les demi-finales du Chan contre les Lions de La Teranga ce soir. Ils ont la faveur des pronostics après un parcours de rêve que personne n'attendait. L'équipe du maestro Romuald Rakotondrabe séduit tout le continent et apporte une bouffée d'air frais avec un jeu spectaculaire et des buts magnifiques.
Actuellement le compte des Barea est crédité de 500.000 dollars pour une place en demi-finales. Une qualification en finale fera monter le chèque à 800.000 dollars alors qu'un titre de champion lui vaudra 1.000.000 de dollars de la CAF soit l'équivalent de 4.600.000.000 ariary. Un joli pactole. Reste à savoir comment on va le partager. La FMF a promis de jouer à fonds la transparence. Ce qui n'a jamais été le cas auparavant pour ne rappeler que les primes de la Can 2019 dont les joueurs n'ont ni vu la couleur ni senti l'odeur.
L'ancien capitaine des Barea Faneva Ima Andriatsima l'a encore en travers de la gorge et l'a rappelé dans une publication sur les réseaux sociaux. Les joueurs se font souvent spolier par les dirigeants à l'instar des primes de match et de victoire dans le tournoi Cosafa Cup. Ce qui est injuste étant donné que c'est le fruit des efforts des joueurs et du staff technique. C'est également le prix du renoncement de l'ensemble du groupe.
Il ne faut pas oublier que le monde du sport vit encore dans le monde retardé du bénévolat même si dans certaines disciplines les joueurs touchent " un salaire ". Ils marchent au patriotisme, à la fierté nationale et vivent de leur passion. Les primes constituent ainsi le seul réconfort pour la plupart des joueurs et athlètes qui se sont donnés corps et âmes pendant toute leur vie pour le sport et l'honneur national. Beaucoup finissent dans la pauvreté loin des regards des dirigeants après avoir rendu de bons et royaux services des années durant. Certains doivent payer l'entrée au stade qui porte son nom à l'image de Maître Kira l'un des plus grands joueurs de tous les temps.
Le succès des Barea est l'arbre qui cache toute une forêt de problèmes. C'est bien d'avoir un President qui aime le sport en général et le football en particulier et qui s'investit personnellement en faveur de l'équipe nationale. Mais ce n'est pas nouveau. Ratsiraka comme Ravalomanana ont donné leur avion personnel pour le transport du Club M dans ses déplacements internationaux ainsi que la délégation malgache aux Jeux des îles. Cela ne devrait pas être le cas si tout était bien organisé, s'il y avait une vraie politique de développement du sport. "L'ere du sport mendiant est révolue " avait déclaré un ancien Premier ministre qui mettait fin la prise en charge par l'Etat des déplacements internationaux d'un club dans les années 90.
Si on persiste dans cette voie, les succès resteront éphémères, les victoires aléatoires. Et on laisse une porte ouverte aux interventions politiques. Il faut distinguer le soutien du Président du soutien de l'État. Il est inadmissible que le ministère des Sports n'ait pas les moyens pour financer la politique de développement ( 's'il y en a) du sport et doive toujours compter sur un miracle providentiel ou plutôt présidentiel.
Sans la volonté inébranlable du coach Roro qui a forcé le regroupement des joueurs même si les moyens avaient cruellement manqué, sans la détermination des joueurs qui ont joué le jeu avec beaucoup de sacrifices, on n'en serait pas là aujourd'hui.
L'équipe a tout fait dans le dénuement. On ne leur a jamais promis quoique que ce soit s'ils arrivent en quarts, en demi-finales ou s'ils remportent le titre. Ils auront joué avec leurs tripes sans penser à ce que cela allait rapporter. C'est juste si certains pensaient pouvoir taper dans l'œil des sergents recruteurs internationaux et partir sous d'autres cieux et vivre un conte de fées. C'est déjà le cas pour certains joueurs, d'autres pourront leur emboîter le pas avant la clôture du mercato à minuit. Il faut donc gagner le match ce soir dès la première période pour pouvoir signer un contrat à la mi-temps.
Les choses doivent désormais changer. Il faut respecter les joueurs depuis la préparation. Les pratiques semblent avoir la vie dure puisque les équipes nationales antérieures se regroupaient dans des auberges peu recommandables et dormaient à même le sol. Leurs adversaires étaient logés dans un hôtel cinq étoiles. Et le public espérait toujours une victoire. Comme ce sera le cas ce soir. Croisons les doigts.