Afrique: Des échanges sous forme d'offrandes au troc

Dans l'Antiquité malgache, les échanges se manifestent essentiellement sous forme de marché entre l'homme et les ancêtres, ou entre l'homme et les idoles, sampy.

" L'homme ne peut se concilier les faveurs des puissances surnaturelles que par les offrandes, forme particulière de l'instrument d'échange " (Juliette Ratsimandrava, conservateur de la Bibliothèque nationale, 1965). Les offrandes sont constituées de perles faites de verroterie, de terre cuite, de corail, de pierre taillée... , de menus objets d'argent et de bijoux désignés par des noms spécifiques tels qu'on les relève dans les Tantara ny Andriana eto Madagascar: ombalahivola, sarinomby, rojovola, haba, tongalika, volalahy , antsipilavaka... .

Juliette Ratsimandrava cite aussi d'autres formes d'offrandes exigées par les idoles ou les ancêtres. Notamment des morceaux d'argent comme le famatombola et le kizo qui sont destinés à attirer la richesse, les sacrifices de bœufs, de moutons et de poulets. Leurs exigences varient entre les bœufs volavita marqués par de taches blanches à certains endroits du corps, les bœufs rouges, les bœufs voanjomanga tachetés de blanc et de noir...

" Une certaine organisation existe puisque le sacrifice est proportionnel aux biens que l'on possède. C'est ainsi qu'il arrive aux pauvres d'offrir du zozoro (papyrus), des feuilles de nénuphar, du tsontsoraka, du volontsangatsivaky, du miel, mais il est à noter que seuls pouvaient servir aux échanges avec la divinité, des objets qui avaient du prix aux yeux des populations d'alors. " Decary mentionne l'existence en Imerina de quelques pièces de monnaie nommées taraiky fabriquées sous le règne d'Andriambelomasina (1755-1776) et recherchées surtout pour être données en offrande à la célèbre idole Kelimalaza.

Entre Malgaches, les relations commerciales semblent peu nombreuses jusqu'au XVIe siècle. L'usage de la monnaie demeure à peu près inconnu. L'insécurité très grande qui règne alors, ne permet pas aux habitants d'un lieu d'aller s'aventurer dans une autre localité. " Le village, avec l'aide de la nature, subvenaient d'ailleurs aux besoins de première nécessité. " Juliette Ratsimandrava se réfère au Gazety Vaovao frantsay-malagasy de 1897 qui souligne que ces formes d'échanges sont celles qu'on retrouve dans les pratiques du vali-tanana (échanges de services pour les travaux des champs, de construction, de tissage... ) dans les expressions sambonono ou emprunt de nourrice, oni-bary, takalon-tany, objet représentant le prix du riz, de la terre qu'on désire avoir...

De même, l'organisation ancienne du fokonolona devait tendre dans ce sens. Les récits donnés par les innombrables voyageurs qui abordent les côtes malgaches depuis la fin du XVe siècle, et rassemblés dans la " Collection des Ouvrages anciens concernant Madagascar ", donnent également une idée sur ce qu'a pu être la vie en ce temps-là. Les échanges les plus nombreux trouvés dans les textes, sont ceux qui se réalisent entre Malgaches et Étrangers. À partir du XVIe siècle, un grand nombre de Portugais, de Hollandais, d'Anglais, de Français débarquent sur nos côtes car Madagascar se trouve alors sur la fameuse route des Indes qui passe par Le Cap. Le système du troc est la pratique courante, chacun des deux contractants évaluant la valeur des marchandises " sans qu'aucune garantie ne soit donnée de la bonne foi de l'autre ".

Juliette Ratsimandrava reproduit le dialogue entre un Hollandais (H) qui veut acheter des vivres à un indigène (I). H : " À combien estimez-vous ce bœuf ? " - I : " Il faut que vous me donniez 50 perles de verre bleues, trois chapelets rouges,

six couteaux et deux aunes de drap noir. " - H : " C'est trop, je ne peux pas donner autant. " - I : " Combien voulez-vous donner ? " - H: " Je donne une aune de ce drap vert, deux aunes de toile, trois couteaux, une paire de ciseaux. " - I : " C'est trop peu. Je ne puis donner, mon maitre me gronderait d'avoir vendu si bon marché. " - H : " Je vous donnerai en outre, ce miroir-ci. " - I : " Donnez-moi encore deux cuillers d'étain, et je vous cèderai en outre cette calebasse de miel. "

Il arrive très souvent aux navigateurs, commerçants ou pirates, qui sillonnent l'océan Indien de manquer de marchandises servant de base aux échanges (verroteries, produits manufacturés de peu de valeur), surtout quand ils sont forcés de faire relâche sur les côtes par suite des intempéries. C'est souvent dans ces circonstances que les fusils et les pièces de monnaie pénètrent sur la Grande ile car les Européens ne les cèdent qu'en cas de force majeure.

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