La prolongation de la période de recensement électoral arrive à son terme ce jour. Au regard des derniers chiffres publiés par la CENI, la barre des treize millions d'électeurs est hors de portée.
L'objectif ne sera pas atteint. Le constat s'impose pour la Commission électorale nationale indépendante (CENI), s'agissant du recensement des électeurs dans le cadre de la refonte de la liste électorale.
Le temps additionnel d'un mois accordé à la CENI par le gouvernement, pour le recensement des électeurs, arrive à terme aujourd'hui. Le chiffre communiqué par l'entité chargée de l'organisation des élections peu après 17 heures, hier, fait état d'un peu moins de neuf millions deux-cent mille électeurs recensés. Le gap avec les treize millions d'électeurs, objectif de la CENI pour ce recensement électoral, est conséquent. La loi de finances fixe même cet objectif à treize millions cinq-cents mille électeurs.
Contacté, Soava Andriamarotafika, rapporteur général de la CENI, relativise la situation. Il explique qu'il y a encore des données qui se trouvent au niveau des communes. Elles sont en cours d'acheminement au niveau des districts pour être comptabilisées dans le serveur de la Commission électorale, ajoute-t-il. "Je suis confiant que nous dépasserons la barre des dix millions d'électeurs", déclare le commissaire électoral. Il concède toutefois qu'à l'allure où vont les choses, "l'objectif des treize millions pourrait ne pas être atteint".
Bien que l'on soit encore loin du compte, la Commission électorale ne demandera pas une nouvelle prolongation de la période de recensement électoral. À entendre son rapporteur général, le chronogramme de la refonte des listes électorales et du registre électoral national, termes utilisés par la loi organique sur le régime général des élections et des référendums, ne le permet pas. Ce chronogramme prévoit un arrêtage provisoire de la liste électorale, comme elle est communément appelée, le 2 mars après "un audit", qui sera fait fin février.
Sauver les meubles
Selon le chronogramme de la refonte de la liste électorale toujours, la période de consultation du document par les citoyens en vue d'éventuelles corrections court du 3 mars au 11 avril. La réception et le traitement des réclamations seront du 3 mars au 11 mai. La liste électorale sera définitivement clôturée, "après audit", le 29 mai. Après il y aura une période de consolidation et d'édification du registre électoral qui rassemble les listes électorales de chaque collectivité et qui est communément appelé liste électorale du 30 mai au 9 juin.
La clôture définitive du registre électoral est prévue le 10 juin. À s'en tenir aux explications de Soava Andriamarotafika, les électeurs qui souhaitent "s'inscrire", pourront toujours le faire jusqu'au bouclage du registre électoral, avant sa publication. Une publication qui devrait se faire le 10 juin, soit le jour de l'arrêtage définitif. "Je tiens à préciser que c'est le recensement par le biais des visites des ménages qui prend fin. Les citoyens pourront encore s'inscrire auprès de leur Fokontany jusqu'à l'arrêtage du registre électoral", indique-t-il.
De prime abord, la CENI est résignée à ne pas pouvoir atteindre la barre des treize millions d'électeurs. Seulement, elle mise sur la période allant jusqu'à l'arrêtage définitif du registre électoral pour grappiller quelques centaines de milliers d'inscriptions. Ceci dans l'optique de dépasser les onze millions d'électeurs inscrits. Une manière de sauver les meubles. Il faudra, toutefois, renforcer autant que possible la mobilisation des citoyens à se rendre auprès du comité de recensement électoral au niveau des Fokontany.
La mobilisation citoyenne pour s'inscrire dans la liste électorale est pourtant le principal point faible de cette première étape de la refonte, qu'est le recensement des électeurs. Les trois mois, plus le rajout d'un mois sont pratiquement passés inaperçus au niveau de l'opinion publique. À cela s'ajoutent les opérations de décrédibilisation du processus électoral par une partie de la classe politique. Ce qui a abouti à une crise de confiance des citoyens vis-à-vis de la CENI.
Le résultat de tout ce qui a été indiqué est que des agents recenseurs se sont faits rembarrer aux portes de plusieurs ménages. Les comités de recensements dans plusieurs bureaux de Fokontany se sont tournés les pouces. Des dysfonctionnements techniques sont également en cause du gap constaté dans le recensement des électeurs. Il y a l'insuffisance des tablettes numériques à disposition des agents recenseurs pour une fluidité de l'enregistrement des personnes recensées dans les bases de données de la CENI.
Le retard du démarrage du recensement dans certaines régions à cause du retard d'impression des fiches a également plombé le décollage du processus. Sans compter l'oisiveté de certains agents recenseurs. À Antananarivo, par exemple, des milliers de ménages dans plusieurs Fokontany, n'ont pas eu la visite de ces agents durant l'ensemble de ces quatre mois.
À s'en tenir aux différents discours tenus au sein de l'arène politique ces derniers temps, la CENI pourra compter sur les partis politiques pour la mobilisation des électeurs à s'inscrire dans la liste. Il s'agit essentiellement des écuries politiques qui comptent aligner des candidats à la prochaine élection présidentielle. Reste à voir si elles dépasseront les déclarations d'inten- tion pour passer à l'acte, ou resteront amorphes pour ne crier au scandale qu'une fois le processus terminé.