Madagascar: Ministère de la Sécurité publique - Rationnement de la délivrance de passeports

La délivrance de passeports est pour le moment rationnée au niveau du ministère de la Sécurité publique (MSP) à Anosy où il n'y a plus de longue file devant le service central de l'Immigration et de l'Emigration.

Priorité est donnée aux évacuations sanitaires (Evasan) et aux personnes qui effectuent des missions à l'extérieur, en raison de l'insuffisance d'imprimés venant du fournisseur. En l'occurrence, Semlex Europe qui a obtenu le contrat de fabrication des passeports électroniques malgaches en 2006 pour une durée de 9 ans puis renouvelé pour une période de 10 ans en 2013. En somme, le contrat avec l'entreprise belge spécialisée dans la biométrie, les systèmes d'identification et la création de documents d'identification sécurisés, arrive à expiration cette année, sans qu'il soit question d'un second renouvellement.

Paiement. Le Conseil des ministres avait effectivement décidé le 27 juillet 2022, de lancer un appel d'offres international pour l'établissement du passeport national malgache pour lequel l'actuel fournisseur touche 33,75 euros sur les 36,75 euros que paie un Malgache pour l'avoir, alors que le coût de production est de 2 euros l'unité pour Semlex. Un profit élevé qui a amené d'autres pays comme la République Démocratique du Congo à mettre fin au contrat avec Semlex qui opère dans plusieurs pays d'Afrique. En attendant le lancement de l'appel d'offres international et le choix d'un nouveau fournisseur pour Madagascar, le nombre de passeports électroniques livrés par Semlex Europe est limité par rapport aux arrivages précédents. Qui plus est, le paiement de la société belge par l'Etat malgache, à travers le ministère de l'Economie et des Finances, aurait accusé un retard pour l'exercice 2022. Ce qui explique peut-être la limitation des livraisons par Semlex qui craint visiblement de ne pas être payé à temps ou de ne pas être payé du tout, à la fin de son contrat.

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Demande. Le rationnement des passeports par les services du MSP est également dû au fait que bon nombre de gens en font la demande alors qu'ils ne sont pas près de quitter le territoire. Quand il ne s'agit pas de motifs de voyage fallacieux ou de fausses destinations comme le fait par exemple pour un demandeur de déclarer qu'il va se rendre dans la zone Schengen alors qu'en réalité, le port de débarquement final est un pays classé à risque. Tels les Etats du Golfe où les autorités malgaches avaient dû organiser à plusieurs reprises, le rapatriement de compatriotes victimes de traite d'êtres humains.

Prostitution. La limitation du nombre de passeports délivrés par le MSP vise aussi à lutter contre la prostitution en ligne ou le cyberproxénétisme qui constitue un véritable fléau et un réseau en expansion qui consiste à recruter des jeunes filles sur Internet pour le marché international en plein boom. À cette fin, le passeport est le Sésame, ouvre-toi pour qu'elles puissent vendre leur corps à l'étranger et aux étrangers. Le nombre grandissant de demandeuses de passeport électronique a mis la puce à l'oreille du service central de l'Immigration et de l'Emigration.

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