Congo-Kinshasa: François en RDC - Le pape des pauvres au pays des damnés

Initialement attendu en juillet dernier mais contrarié par la maladie (on a beau être le successeur du Christ, on n'en demeure pas moins aux ennuis de santé), le pape François arrive aujourd'hui mardi 31 janvier 2023 en République démocratique du Congo (RDC). D'où il se rendra au Soudan du Sud trois jours plus tard.

Une visite apostolique de soixante-douze heures qui fera sans nul doute date dans le plus grand pays catholique d'Afrique (1) et constituera un véritable défi logistique et sécuritaire puisque près de deux millions de fidèles sont attendus à la messe de demain mercredi à l'aéroport Ndolo à Kinshasa.

Il faut dire qu'à 87 ans, ce séjour de l'évêque de Rome s'apparente à un véritable chemin de Croix tant son agenda ne sera pas de tout repos.

Selon " Vatican News ", en effet, tenez !

Le mardi 31 janvier, le Pape quittera Rome pour Kinshasa. A son arrivée, après la visite de courtoisie au président Tshisekedi, il rencontrera les autorités, la société civile et le corps diplomatique au palais de la Nation et y prononcera un discours.

Le lendemain, 1er février, il célébrera la messe à l'aéroport Ndolo dans la matinée. Dans l'après-midi, il rencontrera des victimes des violences dans l'Est du pays et des représentants de certaines œuvres caritatives, l'occasion pour lui, chaque fois, de prononcer un discours.

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Le 2 février, une rencontre entre le Pape et les jeunes et les catéchistes est prévue au stade des Martyrs. L'après-midi, il participera dans la cathédrale Notre-Dame-du-Congo à une rencontre de prière avec les prêtres, les diacres, les personnes consacrées et les séminaristes, avant de s'entretenir en privé avec les jésuites du Congo.

Le 3 février, avant de quitter la RDC, il s'entretiendra avec les évêques congolais au siège de la CENCO, la conférence épiscopale du pays.

Comme on peut le relever, ne figure plus dans l'agenda du chef de l'Eglise catholique la visite à Goma, dans le Nord Kivu, véritable localité martyre de la RDC où plus de 120 groupes armés et milices entretiennent une guerre civile depuis des décennies.

Toutefois, une délégation des victimes du conflit sera reçue par le souverain pontife dans la capitale. Confirmant peu ou prou l'adage selon lequel qui a besoin du pape se rend à Rome, pardon, à Kinshasa.

Ce voyage de François sera certainement frappé du sceau de la foi mais aussi de celui de la politique et du social.

C'est que, en effet, la prochaine présidentielle prévue en décembre prochain s'annonce sous de mauvais présages du fait du retard dans les préparatifs et surtout du climat de méfiance qui règne dans les différents camps protagonistes.

Au plan social, quand bien même la RDC représente à la fois le plus grand pays francophone du monde, le plus grand pays catholique d'Afrique, la nation la plus riche en ressources naturelles (cuivre, cobalt, or, diamant, uranium, coltan, étain... ), disposant d'un immense potentiel hydroélectrique et près de 80 millions d'hectares de terre arable, elle reste malgré tout le concentré de tous les problèmes de la Terre. Près des 2/3 de la population vivent avec 2,15 dollars par jour, seuil de la pauvreté selon la Banque mondiale. A cela s'ajoutent le cycle infernal de l'épidémie d'Ebola et les exactions sans fin des groupes rebelles qui ont fait des milliers de morts et de millions de déplacés.

C'est comme si une indicible malédiction pourchassait les Congolais depuis son indépendance en 1960 et même bien avant, sous la féroce colonisation belge dont on n'a pas encore fini de solder tous les comptes.

C'est donc dire que le pape des pauvres se rend au pays des damnés.

Voici donc un Etat béni par la nature mais dont la seule malédiction est d'avoir eu, depuis les indépendances, des dirigeants politiques, qui ont toujours fait de la prédation des ressources leurs programmes de société.

Prions donc avec François afin que son message d'espoir et d'espérance soit suivi d'un miracle.

Mais hélas, il faut bien plus qu'une homélie papale pour chasser les vieux démons de l'incurie et de la mal-gouvernance de cette pauvre riche RDC.

Alain Saint Robespierre

(1) 45,8% des 100 millions appartiennent à l'Eglise catholique

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