Conscient de la problématique autour de l'accès à l'état civil dans le milieu sylvo-pastoral, le Projet Régional d'Appui au Pastoralisme au Sahel en a fait une préoccupation majeure.
Surtout dans sa deuxième phase à travers " une activité concourant à l'inscription à l'état civil qui commence nécessairement par la sensibilisation des acteurs à la déclaration de naissance, à l'appui à la formalisation du statut juridique en passant par l'organisation des audiences foraines et la redynamisation des centres d'état civil ".
C'est à ce titre que le Projet Régional d'Appui au Pastoralisme au Sahel a organisé avec l'appui de la DEC (Direction de l'état civil) et en relation avec les autorités administratives et la mairie d'Ogo ainsi que le tribunal d'instance de Matam, une audience foraine, le lundi 30 janvier 2023. Une activité qui a permis d'enrôler plus de 1500 pasteurs et agropasteurs ainsi que leurs enfants dans la localité.
La tenue de l'audience est le fruit d'un long processus, selon Docteur Alfred Diouf, chef d'antenne du Praps de Kanel qui déclare que " les activités qui ont démarré au mois de novembre dernier ont d'abord porté sur le recensement des cas au niveau des localités cibles que sont : Dendoudi, Loumbol Amar et Patouki ". Entre autres localités situées dans la zone sylvo-pastorale où la déclaration des naissances à l'état civil, pourtant " un acte indispensable pour la préservation des droits de l'enfant ainsi que sa protection contre l'apatridie (UNICEF, 2002) " reste toujours une problématique.
Le paradoxe voulant que dans ces zones fortement enclavées, des adultes et des personnes en âge avancé ne possèdent pas d'extrait de naissance. Souleymane Diop, un septuagénaire, père de cinq enfants dont les âges varient entre 13 et 15 ans, affirme n'avoir pas pu déclarer ses enfants (... ). Souvent, il demeure, qu'au-delà de l'enclavement, c'est notamment le nomadisme, voire la transhumance qui constituent des obstacles à la déclaration des naissances chez les communautés de la zone sylvo-pastorale. Si ce n'est par endroit, comme le souligne Samba Aissata Guissé, le président de l'unité pastorale de Travaux Dendoudi, " des comportements liés à des contraintes socioculturelles ".
Avec l'assistance et l'accompagnement du projet en cours, il s'est offert la diligence de sensibiliser les membres de sa communauté. En les exhortant à inscrire leurs enfants à l'état civil, un geste qu'il juge important d'autant plus que " la déclaration des enfants à la naissance se traduit comme une obligation pour tout être humain vivant sur un territoire donné ". Ainsi magnifie-t-il les activités du Praps dont " le programme vient de poser un acte fort pour soulager les populations pastorales ". Rappelons que le Praps est mis en œuvre dans six pays : le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal et le Tchad. Ce programme financé par la Banque mondiale se déroule avec l'aide du Comité inter-Etat de lutte contre la sécheresse au Sahel (CILSS), il intervient dans 10 départements du Sénégal.