Depuis une dizaine de jours, plusieurs structures de santé sont en manque de tests de diagnostic rapide pour le paludisme. Le recours à la goutte épaisse est adopté par le personnel soignant, toutefois il faut aller en week-end dans le privé pour être édifié sur sa situation palustre.
Au niveau de plusieurs structures de santé de la place, les tests de diagnostic rapide pour le paludisme sont absents de la table des soins. Les malades qui présentent des signes de paludisme sont orientés en laboratoire pour faire la goutte épaisse, une prise de santé qui permet de déterminer si le parasite est dans le sang ou pas afin de poser le traitement.
Aux heures de descente, en urgence, le personnel soignant est obligé de référer les malades dans les laboratoires privés pour le test. Un vrai parcours du combattant qui fragilise le malade mais rend nerveux l'accompagnant.
Dans la nuit du 21 au 22 janvier dernier, un couple s'est ainsi rendu à la pédiatrie de l'hôpital Idrissa Pouye de Grand Yoff. Après consultation, le médecin leur signale qu'il n'y a pas de Tdr pour poser le diagnostic du paludisme car l'enfant présentait des frissons, une fièvre, des vomissements. Tout portait à croire que l'enfant avait attrapé le paludisme. Il s'y ajoute qu'il venait d'une zone où il y avait beaucoup de moustiques.
Le médecin fait alors une prescription pour faire baisser la fièvre et arrêter les vomissements tout en prescrivant une série d'analyse à faire dont la goutte épaisse pour être édifié pour le paludisme. Dans l'urgence, la famille est orientée au laboratoire Bio24. " Il n'y a plus de tests à la pédiatrie, le laboratoire est fermé, la seule alternative est d'aller dans le privé. Une fois les résultats en main, vous pouvez me l'amener " a confié le médecin à la maman de l'enfant qui nous rapporte l'information.
Dans le but de faire cette analyse, la famille s'est rendue au service Urgence dudit l'hôpital pour voir si le personnel soignant pouvait faire à l'enfant le test de diagnostic rapide. Le professionnel de santé signale aussi à la dame une rupture de Tdr. " Nous n'avons pas de Tdr, mais c'est au médecin traitant d'appeler les autres services de l'hôpital pour voir s'il y avait une disponibilité mais pas à vous de venir vers nous", se désole le soignant.
Comme l'hôpital était en manque de Trd pour le paludisme et inquiet de la situation de leur enfant, la famille se rend alors au centre de santé de la place. Avec la prise en charge de la couverture maladie universelle qui touche gratuitement les enfants de 0 à 5 ans, les parents n'avaient rien à craindre. Après l'enregistrement, le médecin de garde fait savoir à la famille qu'il n'y avait pas de Tdr disponible et montre la boite vide. " Depuis quelques temps, nous avons un problème de disponibilité de Tdr pour le paludisme.
Il faut aller dans le privé pour réaliser l'analyse, c'est la seule option ", a-t-il renseigné alors. Et de poursuivre : " nous avons besoin d'aide pour ces Tdr, si seulement l'Etat était au courant, cela soulagerait le médecin et les patients ". A l'idée de se rendre à la structure de Gaspard Camara pour le Tdr, le médecin de garde déclarée : " nous dépendons du district de santé e Gaspard Kamara. Nous assurons la garde dans plusieurs structures mais cette rupture est une réalité. Attendez le lendemain pour aller dans le privé où le lundi pour réaliser la goutte épaisse et l'amener au médecin de l'hôpital Idrissa Pouye ".
La Pna en stock de Tdr
Au niveau de la Pharmacie nationale d'approvisionnement (Pna) qui assure le ravitaillement en médicaments dans les structures de santé du public, les tests de diagnostic rapide du paludisme sont disponibles en quantité suffisante. Selon une source autorisée, une commande pour l'hôpital Idrissa Pouye de Grand Yoff a déjà été livrée. Toutefois, elle renseigne : " si les structures de santé ne font pas leur commande, c'est un problème. Elles tiennent leurs registres et elles sont les seules à pouvoir exprimer leur besoin. Mais les tests sont bien disponibles à la Pna "
Une situation qui profite au privé
Se rendre dans les structures de santé du public reste un défi. Si on est confronté à l'urgence pour faire des analyses et une radiographie, il faut recourir au privé. Et dans cette situation, il faut mettre la main à la poche pour payer le double et même le triple d'une prise en charge dans le public. Le rétablissement des Tdrs pour le paludisme demeure une urgence pour le personnel soignant mais aussi les malades en cette période de haute portée de paludisme dans plusieurs zones du pays.