Les conseils d'Abdoulaye Seydou, coordonnateur du M62, dénoncent un "déni de justice" dans l'emprisonnement depuis le 23 janvier 2023 de leur client.
Abdoulaye Seydou était initialement poursuivi pour présomption de "production et diffusion de données de nature à troubler l'ordre public" pour avoir accusé l'armée nigérienne d'avoir assassiné des mineurs illégaux, le 24 octobre 2022, sur le site d'orpaillage de Tamou, près de la frontière du Burkina Faso.
L'activiste et opposant à la présence militaire française au Niger a ensuite été accusé de "faits criminels" après comparution devant le tribunal correctionnel de Niamey.
Selon le procureur, une enquête de police a montré que "des individus non identifiés" s'étaient rendus sur le site d'orpaillage, pour "incendier des boutiques et des hangars servant d'habitation". Ces incendies, poursuit le procureur, auraient eu pour "seul but de créer de fausses preuves". Une thèse que réfute un conseiller régional de Tamou.
"Des personnes non identifiées venues mettre le feu dans les hangars, ce n'est pas correct, ce n'est pas vrai. C'est seulement après le bombardement qu'il y a eu le feu dans les hangars", réagit-t-il.
Ces propos ont été corroborés par un habitant de Tamou qui a requis l'anonymat par crainte d'être arrêté.
À l'en croire, "dès le bombardement, il y a eu des tirs de roquettes et les roquettes ont incendié l'endroit. Et ce jour-là, l'accès était interdit à tout le monde, seules les forces de défense y avaient accès. Et un de nos frères a témoigné et on a même voulu l'enfermer à cause de son témoignage. Ils ont témoigné que personne, à part les forces de l'ordre, n'avaient eu accès au site. Donc le feu n'a pu être mis que par les forces de l'ordre. "
Présence confirmée
Le mouvement M62 était bien à Tamou, mais deux jours après l'attaque et uniquement "pour vérifier les faits", insiste l'un des membres de cette organisation de la société civile.
Les avocats d'Abdoulaye Seydou ont annoncé leur décision de porter l'affaire devant la cour de justice de la Cédéao (Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest).
Mission de la CNDH
Suite aux réactions suscitées au Niger par l'arrestation du coordonnateur du M62, la Commission nationale des droits humains (CNDH) du Niger a dépêché une mission à la prison de de Kollo pour s'enquérir des conditions de l'arrestation et de la détention de l'acteur de la société civile.
La CNDH a, dans un communiqué, affirmé qu'elle veillera à ce que toutes les garanties d'un procès équitable et impartial lui soient assurées dans un délai raisonnable et dans le respect des instruments juridiques nationaux, régionaux et internationaux.