Afrique de l'Ouest: Divisions au Mali sur la finalisation de la constitution

30 Janvier 2023

Une soixantaine de personnalités ont été nommés par Assimi Goïta mais elles ne font pas l'unanimité.

Au Mali, la liste des membres du projet de finalisation de la nouvelle constitution ne fait pas l'unanimité. C'est à travers un décret qu'une soixante de personnalités de tous bords, classe politique, société civile et syndicats, ont été nommées par le président de la transition, le colonel Assimi Goïta.

Des organisations telles que la CMA, les anciens rebelles, la CMAS de l'imam Dicko, ou encore la Codem de l'ancien ministre d'IBK Ousseini Amion Guindo "Poulo", ont décidé de ne pas y prendre part. Des divergences qui portent un coup au consensus souhaité par les autorités militaires de transition au Mali.

D'anciennes figures du régime d'Ibrahim Boubacar Keïta, comme Amadou Koïta du parti PS Yeleen Kura, figurent dans la commission chargée d'achever les travaux de la nouvelle constitution.

Protestation contre certains membres

Si la présence des membres du gouvernement de transition tels que Mamoudou Kassogué, ministre de la Justice, ou encore le colonel Abdoulaye Maïga, ministre de l'Administration territoriale et porte-parole du gouvernement, fait débat dans le pays, la présence d'Amadou Aya, secrétaire général de la Codem, crée une vive tension.

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Lamine Diallo, chargé de communication de cette formation politique, explique :

"En tant que secrétaire général adjoint il aurait dû comprendre qu'en figurant sur cette liste, il jetait tout simplement le parti en pâture et jetait le discrédit sur le parti. D'autant plus que le parti n'a jamais décidé de participer à quoi que ce soit en lien avec ce projet de nouvelle constitution. La preuve : nous avions fait un communiqué bien avant pour annoncer qu'on n'allait même pas participer au débat que le ministre de l'Administration territoriale avait convoqué pour parler de ce projet. Il n'était donc plus question pour nous de participer à un quelconque projet de finalisation", fait savoir Lamine Diallo.

Et la Constitution de 1992 ?

Pour Youssouf Daba Diawara, coordinateur général de la CMAS de l'imam Dicko, le problème des Maliens ne réside pas dans la Constitution de février 1992 qui est toujours en vigueur.

Son organisation justifie donc son absence au sein de la commission mise en place par les autorités de transition.

"Aujourd'hui, dans le droit politique malien, il n'y a pas un texte qui donne les compétences au président de la transition d'élaborer une nouvelle Constitution tant que la constitution est en vigueur. En plus de cela, nous pensons qu'il n'est pas opportun de toucher à la Constitution parce que le problème que le Mali connait aujourd'hui n'est pas du ressort de la constitution. Les problèmes sont à situer dans d'autres domaines comme la mauvaise gouvernance, la mauvaise organisation des élections ou encore la corruption."

Le référendum à venir

Selon Abdoulaye Guindo, bloggeur au sein de la plate-forme Benberé, le gouvernement de transition devrait continuer à aller dans le sens de l'ouverture démocratique pour réussir son projet d'élaboration d'une nouvelle Constitution :

"J'estime que cette liste va créer beaucoup de problèmes, déclare Abdoulaye Guindo. Dans la mesure où des organisations qui avaient appelé à renoncer à ce projet ont vu leurs membres se retrouver sur la liste. Or, certains avaient des communiqués pour dire qu'ils ne se reconnaissaient pas dans cette liste, qu'ils n'avaient pas donné leur aval et notamment la Codem et la CMA qui pensent ne pas pouvoir prendre part à cette commission. Je constate qu'il y a un manque d'inclusivité et en tant que responsable d'une organisation de la société civile, mes camarades et moi avons toujours appelé le gouvernement au consensus, nous avons toujours dit dans nos recommandations que rien ne peut se faire sans le consensus. Il faut donc que le gouvernement continue d'ouvrir le dialogue."

Annoncée pour le 19 mars prochain, la tenue du référendum constitutionnel semble de plus en plus incertaine compte tenu du retard pris dans le calendrier électoral pour installer les démembrements de l'Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE) sur l'ensemble du territoire.

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