Afrique: Corruption, les chiffres ne sont toujours pas bons

Billets de banque et pièces de monnaie
31 Janvier 2023

L'organisation Transparency International a publié ce mardi son indice de perception de la corruption pour 2022.

L'indice de perception de la corruption de Transparency International est un instrument qui permet de classer 180 pays et territoires sur une échelle qui va de zéro - pour une forte corruption - à cent - pour aucune corruption - en fonction du degré de perception de la corruption dans le secteur public.

Le constat pour l'année passée n'est pas brillant : la moyenne mondiale de l'IPC stagne pour la onzième année consécutive. Idem pour l'Afrique subsaharienne.

Plusieurs pays francophones arrivent par ailleurs tout en bas de la liste, comme le Burundi, la RDC, ou la Centrafrique.

Comment expliquer ces mauvais résultats et quels sont les recommandations de Transparency à ce sujet ? Lisez ci-dessous ou écouter en cliquant sur l'image la réponse de Samuel Kaninda, conseiller régional Afrique auprès de Transparency.

Samuel Kaninda : Certaines personnes qui sont accusées d'actes de corruption ne sont pas forcément traduites devant les instances qui peuvent les juger. Donc il y a ce climat d'impunité qui fait que, bien qu'il y ait des lois, des protocoles, des traités qui vont dans le sens d'apporter un cadre normatif contre la corruption, les actes ne suivent pas.

DW : Vous établissez aussi une corrélation très forte entre corruption et conflits. Vous citez notamment la République centrafricaine, la RDC, mais aussi le Mali. Quel est le rapport avec la corruption?

Samuel Kaninda : Ces pays cités, ce sont des pays soit en conflit ou des Etats fragiles où il s'observe que la corruption donne lieu à des conflits qui peuvent mener à des situations d'instabilité ou d'insécurité, comme cela s'observe dans l'espace sahélien et aussi en Afrique centrale, dans la région des Grands Lacs. Mais d'autre part, quand cette situation de conflit, d'instabilité perdure, cela nourrit aussi la corruption parce que cela crée des zones de non-droit où l'Etat n'est pas présent et où la gestion des ressources ne répond à aucun principe de bonne gouvernance.

DW : Est-ce que vous pensez qu'en République démocratique du Congo ou au Gabon par exemple - deux pays où se tienne une élections présidentielle en 2023, est-ce que le thème de la corruption va s'inviter dans les débats électoraux?

Samuel Kaninda : Nous le pensons. Ce sont des pays dotés d'immenses ressources, mais le vécu quotidien des citoyens n'est pas encore affecté positivement. Je prends le cas de la RDC où on parle presque d'un triplement du budget national, en termes de ressources, que le gouvernement du pays peut mobiliser. Or, voyant les dernières années, c'est plus des scandales de détournements qui ont fait la une. Dans le cas du Gabon aussi, il y a des défis qui font que les citoyens attendent encore plus de la part de leurs dirigeants en termes de prévention et de lutte contre la corruption. Donc oui, ces thèmes seront inévitablement à l'agenda ou à l'ordre du jour.

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