Les États-Unis alertent sur le niveau de malnutrition alarmant en Somalie. L'ambassadrice américaine à l'ONU vient d'achever une tournée africaine entre Ghana, Mozambique, Kenya et Somalie. Lors de sa conférence de presse à la fin de son voyage lundi, elle a insisté sur l'imminence d'une catastrophe somalienne. Le pays a failli être déclaré en famine l'année dernière. Mais après cinq saisons des pluies défaillantes, la Somalie pourrait cette fois ne pas y échapper.
La Somalie vient de connaître cinq saisons des pluies défaillantes. La sixième, attendue pour mars-avril, risque d'être décevante à son tour et d'enfoncer le pays un peu plus dans la crise. Le nombre de personnes mal-nourries pourrait passer de quasiment 6 à plus de 8 millions de Somaliens. Dimanche, à Mogadiscio, Linda Thomas-Greenfield, a annoncé une aide supplémentaire de 41 millions de dollars. Mais l'ambassadrice américaine demande à la communauté internationale de faire plus.
" Le mot famine devrait être un anachronisme. Nous avons les moyens d'y mettre fin. La vérité est que les États-Unis ne peuvent pas faire cela seuls. J'appelle donc la communauté internationale à intensifier son soutien et à faire plus. Les pays qui ont les moyens de faire davantage doivent faire preuve d'humanité. Il n'y a aucune raison de ne pas pouvoir mobiliser des ressources pour les gens dans le besoin. Chaque pays a un rôle à jouer.. Quand je retournerai à New-York, j'encouragerai d'autres nations à soutenir cet effort. On parle ici d'humanité, nous devons tous faire davantage d'efforts. "
Le changement climatique, l'inflation et l'insécurité n'ont fait qu'aggraver la situation. Entraînant mort du bétail, perte des récoltes et centaines de milliers de déplacés.
La Corne de l'Afrique est une des régions les plus durement touchées par le changement climatique
Du sud de l'Ethiopie au nord du Kenya en passant par la Somalie, 22 millions de personnes sont menacées par la faim, victimes d'une sécheresse historique débutée fin 2020 et amenée à durer dans les prochains mois. Ce chiffre a presque doublé depuis début 2022, lorsque 13 millions de personnes étaient confrontées à la faim dans la Corne de l'Afrique.
Dans cette région où la population vit majoritairement de l'élevage et de l'agriculture, près de 5,6 millions de personnes se trouvent aujourd'hui en situation d'"insécurité alimentaire aiguë" en Somalie, 12 millions en Ethiopie et 4,3 millions au Kenya, selon l'ONU. Plus de 1,7 million de personnes ont quitté leurs foyers en quête d'eau et de nourriture, selon un dernier rapport du Programme alimentaire mondial publié le 23 janvier.
Depuis 2016, huit des treize saisons des pluies ont été inférieures à la normale, selon les données du Centre d'étude des risques climatiques (Climate Hazards Centre), organisme de référence qui regroupe notamment des universitaires et le Réseau des systèmes d'alerte précoce contre la famine (Fews).
La sécheresse actuelle est causée par un enchaînement de cinq saisons des pluies défaillantes depuis fin 2020, du jamais vu depuis au moins 40 ans. Aucune famine n'a toutefois été pour l'instant officiellement déclarée. La dernière famine dans la région, qui avait fait 260.000 morts dont la moitié d'enfants de moins de six ans en Somalie en 2011, avait résulté de deux saisons des pluies insuffisantes consécutives.
avec agences
Ancienne humanitaire dans la région, Linda Thomas-Greenfield n'a pas voulu révéler les pays qui ne donnent pas assez malgré leurs moyens. Mais si rien n'est fait, le nombre de Somaliens mal-nourris de niveau 5, le plus grave, pourrait plus que tripler d'ici à quelques mois et atteindre 727 000 personnes.
Yesterday, I announced that the United States will provide an additional $41 million to meet humanitarian needs in Somalia.But I also made clear that we cannot do this alone. Others must bolster their humanitarian contributions and help save lives. pic.twitter.com/khXkSd6qEZ-- Ambassador Linda Thomas-Greenfield (@USAmbUN) January 31, 2023