Ile Maurice: Perception de la corruption - Maurice chute à la 57e place mondiale

Port-Louis, capitale de Maurice. (Image d'illustration).

Quatre points de perdus, indique Transparency Mauritius dans le dernier indice de la perception de la corruption 2022. Maurice chute à la 57e place mondiale. Sur le continent africain, l'île perd un point. Pourquoi dégringole-t-on ? Quelles sont les répercussions et les solutions ?

Ne figurant plus dans la liste noire de l'Union européenne ni dans la liste grise du Groupe d'action financière (GAFI), Maurice n'est pas pour autant sortie de l'auberge. D'après le classement de la perception de la corruption 2022, publié par Transparency Mauritius hier, notre pays a perdu 4 points, ce qui lui vaut la 57e place mondiale. "Elle perd aussi une place sur le continent africain, arrivant ainsi cinquième derrière les Seychelles, le Bostwana, le Cap Vert et le Rwanda respectivement", précise le rapport, qui stipule aussi que sur les six sources utilisées par Transparency International pour l'annotation de Maurice, le World Economic Forum s'est montré le plus sévère, passant de 61 à 47 points. Varieties of Democracy Project suit, avec sept points de moins par rapport à l'année précédente, soit avec 43 points contre 50.

Pourquoi ce déclin dans l'indice de perception de la corruption ? Transparency Mauritius fait état des divers scandales ayant secoué le pays, dont "(... ) l'affaire Kistnen avec ses ramifications politiques, les abus des critères d'urgences par rapport aux protocoles de l'acquisition publique de médicaments ou d'équipements médicaux par le département de la santé". Sont aussi mentionnés les contestations électorales et le rôle de la police qui "(... ) n'est pas de toute transparence non plus".

Transparency Mauritius note également que les institutions sont ébranlées par les scandales, le népotisme ou encore les cas de conflits d'intérêts. "L'affaire Adani qui vient de jaillir dans l'actualité vient rajouter une couche négative sur notre secteur financier après l'affaire Sobrinho et celle de St-Louis. Secret de l'instruction ou pas, les deux dossiers semblent être au point mort. À ceux-là sont venus se greffer les dossiers d'Angus Road, les protestations par rapport aux décisions et fonctionnement du comité de pourvoi en grâce", lit-on dans le rapport.

Pour Milan Meetarbhan, avocat, hélas, la série continue car Maurice a fait l'objet de nombreux rapports dont celui du FMI, de Moody's et de Mo Ibrahim, la semaine dernière. "Les graphiques donnent à réfléchir. Beaucoup d'entre eux illustrent des parties où on recule. Quand il y a clairement un pattern, c'est-à-dire que, systématiquement, des rapports convergent vers un déclin, il y a un dénominateur commun. Ceux du FMI et de Moody's, par exemple, pointent la gouvernance du doigt."

Me Lovania Pertab, présidente de Transparency Mauritius, confirme son "inquiétude devant la tournure des choses". "Le fait que Maurice ait perdu 4 points sur l'index de la perception de la corruption de Transparency International nous interpelle beaucoup. Et cela va dans le sens de l'index de Mo Ibrahim, qui mentionne aussi une érosion de l'espace démocratique à Maurice."

Revenant sur le rapport de Transparency International, qui mesure la perception de la corruption, soit avec un élément de subjectivité, Milan Meetarbhan se demande si on peut continuer à être "dans un denial mode". "S'il y a un rapport quelque part qui fait un constat, on peut essayer de se défendre ; mais là, on est en présence de plusieurs relevés de divers organismes avec des critères différents et scientifiques utilisés pour des évaluations d'autres pays."

Comment améliorer la situation ? Il faut se ressaisir, souligne Milan Metarbhan. Car les répercussions de ces classements sont conséquentes. D'autres organismes se basent dessus pour décider des prêts, des investissements etc. "Maurice a été cité dans le passé pour sa démocratie et sa gouvernance alors qu'aujourd'hui, c'est le contraire. Ceci risque d'impacter l'image du pays et, concrètement, son économie, le flux d'investissements et la confiance des investisseurs internationaux utilisant leurs centres offshore mauriciens."

Que faire pour contrer la corruption ? Pour Me Lovania Pertab, c'est le devoir de toutes les institutions concernées d'oeuvrer pour que Maurice remonte la pente. "Clairement, cet indice aura une influence certaine sur tout homme d'affaires voulant faire des investissements et du commerce à Maurice."

De son côté, Milan Meetarbhan appelle à commencer par les institutions. Pour rétablir la confiance dans ces établissements, il incombe de mettre en place des mécanismes permettant de s'assurer que les personnes nommées à la tête sont compétentes, intègres et qualifiées pour le poste. "Il y a une question de culture et il faut avoir un mécanisme de nomination, par exemple après consultation avec un comité parlementaire pour plus d'impartialité. Si le responsable a une culture de démocratie et de respect des institutions, il ne nommera pas quelqu'un avec lequel il a une relation étroite. La confiance, cela se mérite. Si vous êtes nommé malgré votre proximité avec un dirigeant politique, peu importe votre degré de compétence et d'intégrité, vous n'inspirez pas confiance."

À titre d'exemple, poursuit-il, dans le processus de nomination du responsable de la télévision nationale en Afrique du Sud, il y a quelques années de cela, les candidats étaient interviewés en direct à la télévision. Ainsi, la population pouvait juger de la compétence des postulants.

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