L'affaire des sirops toxiques contre la toux avait fait scandale en Gambie en octobre dernier. Cela illustre un phénomène alarmant en Afrique de l'ouest : selon un rapport de l'ONUDC publié mardi, au moins 605 tonnes de produits médicaux falsifiés ou de qualité inférieure ont été saisies entre 2017 et 2021 dans la région. L'office de l'ONU contre la drogue et le crime met l'accent sur cinq pays du Sahel : Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Tchad et Niger.
En fonction de ces pays, le taux de médicaments " de qualité inférieure ou falsifiés " sur le marché varie de 19 à 50%. Et une partie d'entre eux - environ 40%, ont même intégré la chaîne d'approvisionnement légale : c'est à dire qu'ils se trouvent en pharmacies.
Parmi ces produits incriminés, il y a des antipaludéens. Au Tchad par exemple, en 2019, du sulfate de quinine administré à des patients s'est révélé falsifié. Des analyses montrent que le produit dédié au traitement du paludisme ne contenait en fait pas " le principe actif déclaré ".
Le rapport pointe aussi ces vaccins contre la méningite. Quand le Niger a fait face à des épidémies en 2015, 2017 puis 2019, il s'est tourné vers les grossistes des pays voisins, faute de stock. Des vaccins falsifiés sont arrivés sur le marché. Leurs étiquettes étaient bien imitées mais ils leur manquaient " certains antigènes " précise l'ONU.
Comment ces produits médicaux falsifiés ou de qualité inférieure arrivent-ils sur les marchés ? Qui sont les acteurs impliqués ? François Patuel est responsable de l'unité de recherche et de sensibilisation du bureau Afrique de l'Ouest de l'ONUDC, basé à Dakar.
François Patuel, responsable de l'unité de recherche et de sensibilisation du bureau Afrique de l'Ouest de l'ONUDC