Mali: A Faladié, les déplacés tentent de survivre

1 Février 2023

Au Mali, près de 2000 déplacés internes vivent entassés dans le camp informel de Faladié, en périphérie de Bamako. La DW a recueilli leurs témoignages.

A première vue, on se croirait dans un gros bidonville de Bamako la capitale malienne avec ses cabanes faites de tôles, de bâches et autres matériaux de récupération. Mais nous sommes dans le camp de déplacés internes de Faladié, proche du Grabal, le marché à bétail. Ce site informel a été mis en place en 2019 à Faladiè, un quartier périphérique de la capitale, à la suite des violences qui ont affecté les régions du centre du pays. Ces déplacés qui viennent de diverses localités de la région de Mopti tentent de survivre dans un environnement inadapté où les questions liées à l'alimentation, à la santé et à l'éducation sont des défis quotidiens.

Plus de 300 familles et 1.900 personnes vivent dans le camp. Celles-ci ont quitté pour la plupart les localités de Djenné, de Bandiagara, de Koro ou encore de Douentza dans la région de Mopti, dans le centre du pays.

Ama Diallo est le responsable du camp de déplacés de Faladié. Il explique que "grâce aux partenaires étatiques et aux ONG, nous avons du travail mais aussi de la nourriture. Ce n'est pas toujours suffisant, mais nous avons quelques stocks de temps à autre pour les déplacés du site. Nous menons des activités comme l'élevage, nous coupons également des herbes pour les revendre ensuite au marché à bétail. Nous séchons aussi les restes d'aliments dans le but de les revendre aux éleveurs. Côté aliments, nos partenaires nous amènent du riz, du mil, du sorgho et de l'huile."

Des défis

Sur 850 enfants, seule une centaine va à l'école. Ceux-ci sont répartis entre l'enseignement coranique et l'enseignement classique.

"Pendant l'hivernage, nos cabanes sont vite inondées faute de toit adapté pour contenir la pluie. Lorsqu'il pleut, nous restons debout. Nous payons également l'eau pour nous désaltérer et aussi pour les tâches domestiques. Le bidon rempli d'eau est vendu à 50 voire 75 francs CFA. Durant la période chaude de l'année, nous l'achetons à 100 francs CFA", explique Altinè Bah qui à fui les violences dans le cercle de Bankass avec son mari, sa fille ainsi que l'ensemble de sa famille pour trouver refuge dans ce site.

Le rêve d'Altinè, c'est de pouvoir retourner un jour dans son Bankass natal pour reprendre ses travaux champêtres et ses activités commerciales.

Mariam Bouro Barry une septuagénaire a pour sa part quitté la ville de Koro avec sa famille, composée de près d'une trentaine de personnes, pour rejoindre la capitale. Elle revient sur les conditions de vie dans le camp de déplacés.

"Nos partenaires nous fournissent des rations alimentaires une à deux fois dans le mois. Cela n'est pas convenable pour les familles nombreuses. L'éducation, la santé de nos enfants sont vraiment des défis de tous les instants à relever",' insiste-t-elle.

Un plan pour soulager les déplacés

Selon les acteurs humanitaires, plus de 700 millions de dollars seraient nécessaires en 2023 pour venir en aide à 5,7 millions de personnes affectées par les conflits et les chocs relatifs au changement climatique au Mali.

Un plan de réponse humanitaire 2023 a été lancé le mardi 31 janvier à Bamako par le gouvernement malien. La mise en œuvre de ce plan s'élève à 751 millions de dollars et vise à assister près de six millions de personnes affectées par les conflits et les chocs climatiques. Il prend en compte les besoins spécifiques des déplacés internes, notamment des enfants de moins de cinq ans.

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