L'Office des Nations unies contre la drogue et le crime tire la sonnette d'alarme au sujet de la qualité des médicaments vendus dans des pays du Sahel.
Selon l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime ONUDC, jusqu'à 50 % des produits médicaux qui circulent dans le Sahel sont de qualité inférieure à la norme ou bien falsifiés. L'organisation onusienne vient de publier un rapport à ce sujet en mettant en garde contre les dangers liés à ce trafic.
La Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger ou encore le Tchad : ce sont les cinq pays sur lesquels l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) met l'accent dans son rapport.
Le Sahel étant une zone de transit commode pour les produits acheminés par voie maritime depuis les pays côtiers, la région est devenue l'épicentre de toutes sortes de trafics dont celui des produits médicaux.
Une situation que favorise des facteurs tels qu'une forte prévalence des maladies infectieuses alors qu'il y a un accès limité à des services de qualité sûrs et à des médicaments efficaces et abordables.
A ceci s'ajoute la corruption parmi les agents des forces de l'ordre et des douanes et un manque des contrôles aux frontières.
Tout un réseau
S'il n'est pas aisé de connaître la quantité globale de produits médicaux qui font l'objet de trafic dans le Sahel, des études estiment toutefois qu'entre 19% et 50 % de médicaments qui y circulent sont falsifiés.
Environ 40% de ces produits falsifiés ont été découvert dans la chaîne d'approvisionnement réglementée et contrairement à ce qu'on pourrait imaginer, les groupes armés présents dans le Sahel sont peu impliqués dans ce trafic.
Leur rôle se limiterait à prélever des taxes quand les produits sont convoyés dans les zones sous leur contrôle ou encore à détourner à leur profit une partie de ces médicaments qu'ils consomment.
Ce sont en fait des employés de firmes pharmaceutiques, des vendeurs de rue ou encore des agents de sécurité qui entretiennent ce commerce.
Comment ce trafic s'organise ? Il faut d'abord savoir que selon l'OMS, environ 95% de tous les médicaments utilisés en Afrique sont importés. L'ONUDC explique donc, dans son rapport, que les médicaments concernés sont en général soustraits de la chaîne d'approvisionnement en Europe ou encore en Chine et en Inde.
Ces produits entrent sur le continent souvent par les ports de Guinée, du Ghana, du Bénin et du Nigeria puis ils sont acheminés au Sahel.
Un danger pour la santé
Le trafic de produits médicaux fait partie d'un problème cyclique plus vaste qui est celui des soins de santé au Sahel et il est un frein au développement des pays de la région, selon l'Agence onusienne.
Ces médicaments qui circulent sans mesures de contrôle peuvent être nocifs ou ne pas contenir les substances actives qui justifient leur prescription. Ils peuvent aussi avoir expiré ou s'être détérioré en raison de mauvaises conditions de stockage.
Il arrive aussi qu'ils soient vendus sans ordonnance à des fins autres que leur usage médical et ils peuvent alors causer des dommages, notamment en contribuant à la résistance aux antimicrobiens.