Le 24 juin prochain, les Sierra-Léonais éliront une nouvelle Assemblée parlementaire et un président. Mais à quatre mois de ces élections générales, la manière dont seront choisis les députés fait débat. La Cour suprême a approuvé la semaine dernière la décision de la commission électorale d'instaurer la proportionnelle aux législatives. Ce qui ne s'est pas vu depuis 2002, date de la fin de la guerre civile. Un choix qui fait polémique, notamment au sein de l'opposition.
La Constitution de la Sierra Leone ouvre la possibilité d'un changement de mode de scrutin en temps de crise. Mais aujourd'hui, l'opposition estime que ce n'est plus justifié et conteste la légalité du passage à la proportionnelle. Abdul Kargbo, député du parti d'opposition APC à Port Loko, a déposé un recours contre l'usage du scrutin proportionnel, qui pour lui, renforcerait le pouvoir des partis par rapport au peuple.
" Vous donnez plus de pouvoir aux secrétaires généraux et aux présidents des partis politiques. Eux seuls auront le droit de soumettre une liste de candidats à la commission électorale. Vous retirez le pouvoir du peuple et vous le donnez au parti politique. "
La commission électorale, elle, affirme que la carte des électeurs du pays a changé, et que faute d'un redécoupage électoral, le scrutin majoritaire ne représenterait plus un reflet fidèle de l'opinion sierra-léonaise. La commission plaide donc pour la proportionnelle. Un argument soutenu par le parti présidentiel SLPP.
" La plus haute cour du pays a dit que le président a l'autorité de choisir en dernière instance le mode de scrutin avance Sahr Egbinda Juana, député du SLPP. Le découpage électoral n'étant pas prêt, le président a le droit de se rabattre sur la représentation proportionnelle. "
Un analyste, de son côté, explique que la proportionnelle est susceptible de favoriser la dispersion des voix au détriment de l'opposition, qui est au coude à coude avec le pouvoir. Selon ce même chercheur, il pourrait s'agir d'une tactique du président Julius Maada Bio - candidat à sa réélection - pour obtenir la majorité parlementaire.