La physionomie politique actuelle laisse paraître que l'opposition veut se reconstruire. Des alliances se font tandis que d'autres se défont. Avec les enjeux électoraux, la cohabitation devient de plus en plus impossible.
La mise en place de la nouvelle plateforme C LERA, regroupant des parlementaires, des organisations de la société civile, des responsables d'Eglises et de simples citoyens, jeudi dernier, devrait apporter une nouvelle dynamique à l'échiquier politique. Son ambition de rassembler tous ceux qui ne sont plus d'accord avec l'actuel régime devrait constituer un élan fédérateur. Elle cache, cependant, une toute autre réalité. La division risque de devenir insurmontable. Trois plateformes, dont le RMDM, le PANORAMA et C LERA, vont chacune essayer de tirer la couverture de l'opposition alors que ses ténors sont bien conscients qu'une opposition divisée ne fera jamais le poids contre Rajoelina. Fidèle Razara Piera n'a-t-il pas déjà indiqué qu' " à lui tout seul, le Tiako i Madagasikara n'arrivera jamais à vaincre Andry Rajoelina ". Et il y a tout juste une semaine, il a invité tous ceux qui " aiment vraiment leur patrie à rejoindre le mouvement C LERA ". Un vrai " Samy mandeha samy mitady " est en train de se dessiner au sein de l'opposition à moins de 10 mois de la présidentielle. Ce qui facilitera la tâche aux partisans du régime, à moins que le RMDM décide de rejoindre le mouvement.
Infidèles
Au début du mois de janvier, Marc Ravalomanana, le patron du parti Tiako i Madagasikara (TIM) et président national du Rodoben'ny Mpanohitra ho an'ny demokrasia eto Madagasikara (RMDM), a fait savoir que son parti et le RMDM sont ouverts à tout le monde et qu'il faut rester uni et solidaire pour pouvoir espérer la victoire aux élections, seul moyen de revenir au pouvoir et de sauver le pays. Mais à voir les récents événements, il n'a pas été entendu par certains élus de son parti qui ont déjà pris leur distance depuis plusieurs mois. Fidèle Razara Piera et Hanitra Razafimanantsoa étaient, d'ailleurs, les grands absents des cérémonies de présentation des vœux pour la nouvelle année du parti TIM et du RMDM. Jusqu'à ce jour, ils n'ont pas mis les pieds à Faravohitra, d'après les informations qu'on nous a transmises. " Contrairement à son prénom, Razara Piera et sa bande sont des infidèles ", regrettent des partisans de l'ancien président avant de conclure qu'" ils ont choisi de mettre en place une nouvelle plateforme au lieu de renforcer le RMDM ".
Deal
À l'allure où vont les choses, il devient presque impossible pour l'opposition d'avoir un candidat unique. Guerre de leadership, incohérence idéologique et calculs politiques sont des paramètres à prendre en compte. Au moins deux candidats potentiels se trouvent dans ce camp, l'ancien président Marc Ravalomanana et l'ancien président Hery Rajaonarimampianina. Arriveront-ils à mettre de côté leurs ambitions personnelles afin de faire triompher l'opposition ? Si le leader du HVM entretient encore le suspense sur sa possible candidature, le numéro Un de l'empire Tiko n'a jamais caché son ambition de reprendre le pouvoir. Il est à noter que lors du premier tour de la dernière présidentielle, Hery Rajaonarimampianina a pu obtenir 9% des voix, si Marc Ravalomanana a pu enregistrer quelque 35%. Au total, les deux candidats ont obtenu près de 44% des voix. Un deal entre les deux chefs de partis pourrait faire du mal au prochain candidat " Orange ".
Premier tour
D'autres facteurs, comme la montée en puissance de Siteny Randrianasoloniaiko, Hajo Andrianainarivelo ou Auguste Paraina pourraient également entrer en jeu. Des potentiels candidats qui ont depuis quelques mois les mêmes discours que l'opposition mais n'appartiennent à aucune de ces trois plateformes. L'électorat anti-Rajoelina aura forcément l'embarras du choix. En conséquence, le risque de dispersion de voix pourrait être très élevé au premier tour, au plus grand bonheur des " Oranges ". D'autres leaders comme Elia Rabevahiny du parti Otrikafo, Roland Ratsiraka du parti MTS ou encore Ahmad Ahmad feront certainement partie de cette longue liste des candidats contre le régime. Peu importe, au sein de cette opposition qui se cherche, le mot d'ordre reste " tout sauf Rajoelina ".