Dakar — Le rappeur sénégalais Didier Awadi a présenté mercredi son nouvel album intitulé "Quand on refuse on dit non !" (studio Sankara) en invitant ses concitoyens africains à plus de responsabilité dans la gestion de leur histoire et de leurs affaires, a constaté l'APS.
La cérémonie s'est déroulée dans la salle de cinéma "Seanema" en présence du ministre de la Culture et du Patrimoine historique, Aliou Sow, du chanteur Ismaël Lô, du député Guy Marius Sagna, de l'ancien international de football Khalilou Fadiga, entre autres personnalités du monde de la culture, du sport et de la politique.
Le titre de l'album - dont la préparation a duré cinq ans - est inspiré du dernier roman de l'écrivain ivoirien Amadou Kourouma, "Quand on refuse on dit non" (Seuil, 2004).
"(... ) A des moments, il faut prendre ses responsabilités et c'est Mamadou Dia (ancien président du Conseil de gouvernement du Sénégal, 1957-1962) qui m'a beaucoup inspiré aussi quand il disait à Senghor qui lui demandait de laisser la politique : +Je peux renoncer à tous mes droits, mais je ne peux pas renoncer à mes devoirs+", explique l'un des membres fondateurs du groupe Positive Black Soul (PBS), pionnier dans le mouvement hip-hop sénégalais.
Awadi estime que si l'Afrique en est encore à ce stade, "c'est qu'elle n'a toujours pas accepté de prendre la plénitude de ses responsabilités". "L'indépendance c'est des devoirs à assumer... La dépendance c'est des devoirs qu'on a relégués et délégués", a-t-il notamment dit.
"Jusqu'à quand cette fuite de nos responsabilités ?", s'interroge-t-il. Il a relevé que dans ce nouvel album, il est revenu aux "fondamentaux du rap" celui qui est "engagé, conscient et militant".
"Même sur les questions les plus sensibles liées à la souveraineté : la sécurité, la défense, la monnaie, l'eau, l'électricité, le pétrole, le gaz, les données personnelles, etc. nous avons délégué presque toutes nos responsabilités. Il nous faut être clair : +Quand on refuse on dit non !", a insisté l'artiste.
Avec ce septième disque, Awadi fait voyager les mélomanes à travers ses titres qui mêlent politique, panafricanisme, amour et social et joués sur des rythmes et mélodies rap, reggae, R&B.
L'album s'insère dans un projet artistique multidimensionnel mêlant musique, cinéma et photographie. Le rappeur sénégalais a ainsi présenté un court métrage sur l'esclavage transatlantique en inversant les rôles. Ce film invite surtout à la réflexion, selon le rappeur panafricaniste.
Le ministre de la Culture et du Patrimoine historique, Aliou Sow, a félicité Didier Awadi pour ce "beau projet". "Mon message est un message de félicitations et d'encouragement pour la qualité de ce film, de ces acteurs. En Afrique et au Sénégal, pendant longtemps, on a négligé deux aspects majeurs : la vérité autour de l'esclavage et la résistance africaine face à la domination", a dit le ministre.
Pour lui, "l'esclavage est une responsabilité partagée, il n'est pas seulement le fait de l'Occident et de l'Orient, il est aussi du fait de l'Afrique à travers une complicité locale qu'il va falloir intégrer dans l'appréciation globale". M. Sow invite à assumer les faits mémoriels et ne pas chercher de coupable.