La communauté internationale célèbre tous les 2 février de chaque année, la Journée mondiale des zones humides. Au Burkina Faso, l'actualité des zones humides est marquée par la menace de dégradation de certains sites due à l'action de l'homme et au changement climatique.
" Il est urgent de restaurer les zones humides ". Au-delà de cette thématique choisie pour commémorer ce 2 février 2023 consacrée à la Journée mondiale des zones humides, la communauté internationale interpelle sur l'état de dégradation progressive de ces sites. En effet, les zones humides sont des écosystèmes où l'eau est le principal facteur qui contrôle l'environnement, la vie végétale et celle animale.
Ces endroits sont indispensables pour l'humanité au regard des services qu'ils apportent, notamment leurs contributions au développement durable et au bien-être des populations sur les plans environnemental, climatique, écologique, social, économique, scientifique, éducatif, culturel, récréatif et esthétique.
Le Burkina Faso dispose de plus d'un millier de zones humides naturelles (fleuves, cours d'eau, lacs, rivières, mares, plaines d'inondation et bas-fonds) et artificielles (barrages, boulis et terres agricoles irriguées) qui se répartissent dans les bassins hydrographiques et dans les réserves forestières et fauniques.
Certaines sont placées sites RAMSAR, un projet créé le 2 février 1971 en Iran par 157 pays avec pour objectif de sensibiliser toute la société pour la conservation et l'utilisation durable des zones humides. La Convention permet aux pays de prendre des mesures pour protéger leurs sites et les utiliser judicieusement.
Le pays des Hommes intègres a ratifié la convention le 27 octobre 1990 en inscrivant au départ, 15 zones humides sur la liste des sites RAMSAR. Aujourd'hui, l'on en dénombre 24 parmi lesquels la mare d'Oursi, le cône d'épandage de Banh, le Barrage de Bagré, le lac de Tingréla, la réserve totale de faune et le parc national d'Arly et le complexe du parc urbain Bãngr-Weoogo et du lac des trois barrages.
Malheureusement, les Hommes ont eu tendance à surexploiter certains services écosystémiques au détriment d'autres. C'est le cas par exemple des cultures sur les berges des cours d'eau, l'exploitation des ressources en eau sans règlementation, l'ensablement des plans d'eau, le déboisement des bassins versants et le développement anarchique des agglomérations à proximité de ces sites.
La pollution des unités industrielle et minière
A ce lot s'ajoutent entre autres la présence des sites d'orpaillage et la pollution des unités industrielle et minière implantées non loin de ces écosystèmes sans une étude d'impact environnemental. Conséquence selon le chef de programme de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) au Burkina Faso Dr Jacques Somda, cet état de fait crée des déséquilibres écologiques entrainant un dysfonctionnement des zones humides et partant une vulnérabilité des populations qui en dépendent.
Pourtant de l'avis du Dr Somda, la zone humide agit comme une barrière au ruissellement d'eau permettant ainsi de retarder les effets de la sècheresse et de préserver les ressources en eau. A l'en croire, la zone humide préserve un microclimat et représente un îlot de fraicheur en tant de chaleur excessive.
Le changement climatique se manifestant par des évènements météorologiques extrêmes tels que les inondations ou les sécheresses, les zones humides sont de l'avis du spécialiste en géosciences ressources en eau et environnement Dr Mahamat Nour Abdallah, considérées comme des amortisseurs à la variabilité climatique en stockant le CO2, en absorbant l'eau ainsi en réduisant les crues et les inondations.
Pour allier la sauvegarde des zones humides dans des pays africains qui exploitent les mines, l'enseignant chercheur de l'université de N'Djamena au Tchad préconise de définir clairement les textes règlementaires sur la conservation, la restauration, la sauvegarde des zones humides, mais surtout, l'interdiction de l'exploitation des mines autour de ces écosystèmes. Même si la situation des zones humides au Burkina Faso n'est pas alarmante, elle est tout de même inquiétante au regard de l'effet combiné des changements climatiques et de certaines activités anthropiques qui contribuent sérieusement à leur dégradation.
Fort heureusement, le pays dispose d'une Politique nationale sur les zones humides, accompagnée d'un plan d'action, afin de guider les interventions des acteurs vers des actions durables en toute efficacité. Qu'à cela ne tienne, il y a nécessité urgente de restaurer ces zones humides.