Afrique du Nord: Chasse aux sangliers en Tunisie - Une interdiction non justifiée?

2 Février 2023

Ces chasseurs transitant par une agence de voyage agréée, conformément à la réglementation en vigueur, ont dépensé 30 mille euros, soit plus de 100 mille dinars, rien que pour l'hébergement et les autorisations !

La Tunisie ne manque pas d'atouts pour être une destination incontournable pour la chasse, étant donné qu'elle se distingue tant par la qualité de l'environnement que par la qualité du gibier tels que les sangliers et les grives. Elle est aussi très appréciée pour ses territoires immenses (grands espaces sauvages, un gibier abondant), des paysages contrastés tout près de l'Europe (deux heures de vol seulement la sépare du continent européen), une chasse régie par une loi et des professionnels expérimentés, une longue tradition de la chasse... Donc, les raisons ne manquent pas pour venir chasser en Tunisie et faire de la chasse du sanglier dans notre pays : une quête inoubliable pour les chasseurs étrangers -- et même tunisiens -- qui veulent ramener chez eux des souvenirs éblouissants.

A qui revient le dernier mot?

Mais récemment, un incident étrange et inacceptable s'est produit, soulevant plus d'un point d'interrogation. Selon Abdelmajid Dabbar, président de l'Association Tunisie Ecologie (ATE), à la date du 29 janvier 2023, les autorités compétentes ont donné les ordres aux chasseurs hongrois de ne pas quitter l'hôtel et ces derniers ont été interdits de chasser, malgré qu'ils sont bien en conformité avec les autorisations, ayant réglé les redevances, avoir recruté 30 rabatteurs généreusement payés pour lever les sangliers et loué des minibus pour les affréter sur le terrain de la chasse...

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"Le matin du 29 janvier 2023, nos autorités ont donné les ordres aux chasseurs hongrois de ne pas quitter l'hôtel conformément au communiqué pris vendredi soir par le ministère de l'Agriculture, et publié sur sa page officielle Facebook, sans même avoir consulté la Direction Générale des Forêts (DGF), la seule autorité qui gère le secteur de la chasse. Le même communiqué mentionne la fermeture de la chasse, dimanche 29 janvier 2023. Pourquoi ? Parce que dimanche 29 janvier coïncide avec le 2ème tour des élections législatives ! Mais qu'est-ce que les touristes ont à faire ici ? Pourquoi ne pas avoir fermé les sites archéologiques qui sont aussi des destinations pour les touristes ? Est-ce que ces touristes chasseurs sont concernés par le 2ème tour des élections législatives ?", demande-t-il.

En donnant plus de détails sur l'affaire, M.Dabbar a précisé qu'il s'agissait d'un groupe de pas moins de 22 chasseurs, dont 6 ont ramené leurs femmes avec eux, qui ont visité El-Jem, Monastir, Sidi Boussaïd, Carthage et la Médina. Des VIP du sud de la Hongrie, PDG de compagnie aérienne, Généraux de la foresterie et de la conservation, grands industriels, dont 4 avaient déjà connu la Tunisie en 2016 et qu'il a rencontrés venant du Kef vers Gabès pour leur faire visiter le Parc National de Bouhedma, un des joyaux de nos réserves naturelles.

"Ces chasseurs transitant par une agence de voyage agréée, conformément à la réglementation en vigueur, ont dépensé 30 mille euros, soit plus de 100 mille dinars, rien que pour l'hébergement et les autorisations ! Malheureusement, le tourisme de chasse est pénalisé, aujourd'hui, par un gouvernement qui a démoli les efforts des Tunisiens à l'étranger et des professionnels qui font des efforts considérables pour redonner confiance aux touristes européens, alors qu'il existe, bel et bien, un texte juridique qui régit cette activité", regrette-t-il.

Ce que dit la loi...

La chasse en Tunisie est réglementée. Elle concerne les chasseurs résidents et les chasseurs de nationalité étrangère devant séjourner en Tunisie durant une période minimum de trois jours consécutifs.

En effet, l'arrêté annuel de chasse 2022/2023 stipule dans son article 19 concernant la chasse touristique que "L'entrée des touristes chasseurs n'est autorisée qu'entre le 2 octobre 2022 et le 29 janvier 2023 pour la chasse au sanglier et entre le 2 octobre 2022 et le 30 avril 2023 pour la chasse au sanglier dans les gouvernorats de Tozeur, Kébili, Gafsa, Gabès, Tataouine, Sfax, Sidi Bouzid et Kasserine uniquement et entre le 4 décembre 2022 et le 12 mars 2023 pour la chasse aux grives et étourneaux pendant quatre jours successifs. La chasse au sanglier par les touristes chasseurs est autorisée durant tous les jours de la semaine", alors que l'article 20 stipule que "La redevance versée pour une licence de chasse touristique au nom d'un chasseur touriste ne peut être annulée, réclamée ou reportée sous quelque motif que ce soit".

Face à ce qui s'est passé et qui reste incompréhensible et équivoque, Abdelmajid Dabbar n'a pas mâché ses mots et a adressé un message de reproche et de mécontentement aux parties concernées et impliquées dans cette affaire: "Je demande à monsieur le ministre de l'Agriculture ce qu'il a gagné de cette décision mal prise parce qu'il est mal conseillé quand il ne consulte pas les professionnels qui gèrent le secteur de la chasse dans ses départements".

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