Congo-Kinshasa: Le pape François à Kinshasa - A quand la paix dans le Kivu ?

La date du 31 janvier dernier a vu l'arrivée à Kinshasa, en République démocratique du Congo (RDC), du pape François, chef de l'Eglise catholique, mère de tous les courants et dénominations chrétiens.

Si cette visite se veut symbolique, raviver la foi d'une jeunesse souvent en proie au doute et aux questionnements collectifs, elle se veut aussi et avant tout diplomatique et politique : ramener la paix dans le Kivu.

Saint François d'Assise, convient-il de préciser, est dans la culture catholique un saint associé aux valeurs de pacifisme et de conciliation. Honorant le patronyme de ce prédécesseur dans la foi, le pape François a mis les pieds en RDC, un pays aux saignées multiples dont la plus importante, chronique et asthéniante, est celle de la guerre dans le Kivu, province à l'Est de ce pays-continent, dont les richesses sous-terraines entraînent des effusions de sang et de violences. Comme toujours dans de telles situations, ce sont les plus faibles qui en payent le prix fort. Le sang congolais coule depuis deux décennies.

C'est dans un contexte de guerre fratricide sur fond économique que le pape François a été accueilli par le président de la RDC, Félix Tshisekedi, qui n'a pas manqué de porter à mots ouverts ce message de dénonciation et d'accusation des actions du voisin rwandais avant de laisser la parole au pape, au discours convergent.

Le pape, attendu et accueilli par un million de personnes sur l'ensemble de ces étapes en RDC, a pu mesurer la ferveur d'une jeunesse souvent désabusée par une Eglise aux discours de plus en plus impopulaires et infructueux. Cette ferveur est donc le signe bienheureux que la jeunesse en particulier n'a pas perdu foi en Dieu, bien que sa confiance en l'Eglise souffre d'entorses et d'écorchures liées aux drames, abus et scandales que l'Eglise traite régulièrement en interne, se perdant en confusion face aux victimes et au monde.

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Il y a une atrache ainsi profonde à Rome et au Vatican, en espérant que l'Eglise pèse dans les préoccupations des Congolais, désabusés par le manque et la pauvreté, par la guerre et les intérêts sous-terrains.

Le pape serait-il alors le prophète de paix tant attendu ? Son discours franc-tireur sur le colonialisme économique qui étouffe l'Afrique sera t-il entendu de ces colons et de ces frères traitres cachés, masqués mais peu à peu révélés dans cette guerre d'intérêts ? Qu'est-ce qui restera du passage du pape en RDC ? Après avoir rencontré les victimes des exactions commises en RDC, le pape qui a fortement demandé de " laisser l'Afrique tranquille ", laissera-t-il tomber cette lutte aux intrications nombreuses ou en fera-t-il un plaidoyer personnel au nom de la foi qu'il représente ? 2023 ne sera-t-elle qu'une année historiquement évoquée comme en 1985, dernière année à avoir vu l'arrivée d'un pape dans ce pays sacré ? Les Congolais de sang et de coeur peuvent-ils espérer de vrais changements politiques ? Dans le fond et dans la forme, le souverain pontife reste encore un acteur majeur qui contribue à son tour, avec le couple présidentiel congolais, à mettre les mots sur les maux afin que cessent les exactions en RDC.

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