Le 2 février 1974, Gnassingbé Eyadema, sorti miraculeusement indemne du crash aérien, annonce la nationalisation de la Compagnie togolaise des mines du Bénin (CTMB).
Le 24 janvier 1974, le DC3 dans lequel se trouve le président Gnassingbé Eyadema s'écrase à Sarakawa (nord Togo).
Un sabotage imputé aux milieux financiers étrangers hostiles au projet de nationalisation de la société des mines de phosphates.
La réaction est immédiate.
Le 2 février 1974, Gnassingbé Eyadema, sorti miraculeusement indemne du crash, annonce la nationalisation de la Compagnie togolaise des mines du Bénin (CTMB)
Le Togo, dès lors, va plus que jamais s'affirmer soucieux de son indépendance économique et, plus généralement, de son authenticité.
Tout commence en 1952 lors des premières recherches de phosphate dans le cadre d'une prospection de la côte occidentale d'Afrique par le service géologique du comptoir des phosphates d'Afrique du nord (CPAN), où des couches ont été découvertes.
C'est ainsi qu'est créée la Société Minière du Benin (SMB) qui, en collaboration avec le service technique de la CPAN procède à l'étude de l'élaboration d'un projet d'exploitation, d'une méthode d'enrichissement et de la construction d'une usine Pilote.
La création en 1957 de la CTMB marque la phase active de l'histoire du phosphate au Togo avec le début de l'exploitation deux ans plus tard à Hahotoé.
La CTMB dont l'État togolais ne détient que 35% du capital, sera nationalisée en 1974 par la création de l'Office togolais des phosphates (OTP).
Les exportations de phosphates de la CTMB passent de 500.000 à 2 millions et demi de tonnes moins de 12 ans.
En 1972, la compagnie réalisait un chiffre d'affaires supérieur à 5 milliards de Fcfa, alors que, la même année, le budget de l'État était de 12 milliards.
A partir de 1974, l'Office togolaise des phosphates (OTP) se charge de commercialiser le minerais marchant produit par la CTMB.
La question d'un partage réaliste des revenus du phosphate a très vite été posée à l'avènement au pouvoir du président Gnassingbé Eyadéma en 1967.
De fait, le gouvernement a tenté à plusieurs reprises d'augmenter les bénéfices revenant à l'État et issus de l'exploitation des richesses de son sous-sol du pays.
Ainsi, dès 1969, un impôt sur le revenu des valeurs mobilières a été mis en place. En 1972, il a été refusé à l'État de racheter les parts d'un actionnaire souhaitant céder une partie de ses actions.
Il aura fallu de laborieuses négociations pour que le Togo passe de 19% à 35% dans le capital social de la CTMB.
Une dépêche publiée par l'Agence France Presse (AFP) du 5 février 1974, donnera des pistes pour comprendre la décision du président Eyadéma de procéder de manière unilatérale à la nationalisation de l'entreprise.
Profiter pleinement de l'exploitation des phosphates
'Dans un discours prononcé samedi 2 février à Lomé devant trente mille personnes, le général Etienne Gnassigbe Eyadema, chef de l'État togolais, a annoncé que son gouvernement avait décidé de prendre le contrôle total de la Compagnie togolaise des mines du Bénin (C.T.M.B.), qui exploite le gisement de phosphates de Kpeme.Tout en écartant la responsabilité du gouvernement français, le président du Togo a rendu les dirigeants de la CTMB. responsables de l'accident d'avion qui a faillit lui coûter la vie à Lama-Kara le 24 janvier dernier. Le général Eyadema a ajouté qu'en 1972, trois jours après avoir décidé de porter le capital de l'État dans la CTMB. de 19 à 35 %, il avait déjà eu, avec le même pilote et le même avion, un premier accident, puis il a révélé qu'il avait été, à plusieurs reprises, l'objet de tentatives de corruption de la part des dirigeants de l'entreprise', écrit l'AFP.
Eyadéma aurait en effet initié un dialogue avec la France afin de permettre au Togo de profiter pleinement des produits de l'exploitation de son phosphate pour amorcer son développement économique, quelques temps avant le drame du 24 janvier.
Il avait d'ailleurs annoncé le 13 janvier 1974, la décision prise par son gouvernement de porter de 35 à 51% la part du Togo dans la société exploitante du phosphate et de faire assurer désormais la commercialisation de ce phosphate par un organisme public, l'Office Togolais des Phosphates (OTP), établissement public appartenant exclusivement à l'État.
L'objectif était de permettre au pays de tirer pleinement profit des richesses de son sol pour amorcer une véritable indépendance économique.
Dès le 4 février 1974, soit deux jours après l'annonce du président Eyadéma, aucune cargaison de phosphates ne pouvait quitter le Togo sans avoir fait l'objet d'un règlement préalable versé dans une banque togolaise.
Une ordonnance datée du 10 juillet de la même année viendra consacrer le changement de paradigme dans la gestion de la société exploitante.
Les rentrées financières dans les caisses de l'État ont de fait fortement progressé et ont permis au Togo d'investir dans l'éducation, le social, les infrastructures et le tourisme.
Le Togo est devenu 'la Suisse de l'Afrique' pendant plus d'une décennie avant que les soubresauts politiques ne viennent ralentir l'élan pris à partir de l'année 1974 avec la décision courageuse de la nationalisation du phosphate.
Cet important épisode de l'histoire contemporaine du Togo continue d'inspirer les dirigeants actuels qui font de l'indépendance et de la diversification de l'économie, des fondamentaux de leurs politiques de développement.
Les intérêts du Togo ne sauraient être efficacement défendus que par les Togolais eux-mêmes.
Le souvenir des évènements du 24 janvier et du 2 février 1974 est un appel à l'exaltation du patriotisme togolais.